Leçon de très mauvais marketing par la Fnac, “agitateur”

Petit exemple caractéristique des errements du marketing Fnac qui se débat dans des contradictions non ou mal résolues.

Hier, mon fils tombe lors d’une visite dans un magasin Fnac sur la nouvelle version de son jeu préféré, Skylanders swap force pour PS3, sorti le 18 octobre.

Évidemment il souhaite l’acheter tout de suite avec ses économies, mais supposant qu’il est possible de trouver facilement des promotions sur ce type de produit, je lui explique qu’on va attendre un peu pour regarder d’abord les prix sur Internet.

Résumé :

Nantis de ces informations, nous décidons hier soir de l’acheter ce matin à la Fnac en raison de l’option retrait 1 heure en magasin qui figure de façon proéminente sur fnac.com. Pour bénéficier du prix réduit il ne suffit pas d’acheter directement car le magasin Fnac ne s’aligne bien sûr pas sur le prix fnac.com, il faut d’abord commander sur le site.

Et là, que dit fnac.com ? (cliquer pour agrandir la copie d’écran)

fnac

Les produits culturels ne peuvent pas être retirés en 1h en magasin.
Pour vous faire livrer dans votre magasin, ajoutez votre produit à votre panier, puis à l’étape « livraison », cliquez sur l’Onglet « Retrait Magasin » et sélectionnez le magasin souhaité. Le délai de livraison est de 2 à 6 jours selon les magasins, dès l’expédition de votre commande.

Je comprends que la Fnac ait du mal à faire le grand écart entre ses magasins classiques et la concurrence en ligne.

Mais le jeu est en rayon en magasin donc le délai de 2 à 6 jours est totalement artificiel — et la mention “retrait 1h” en bannière, à la limite de la publicité mensongère.

Comme je n’aime pas qu’on se moque de moi, et tant qu’à payer le prix fort, nous avons donc acheté le jeu dans le magasin Micromania du même centre commercial avec un accueil bien plus sympathique.

Mes enfants ont bien retenu la leçon pour leurs futurs achats.

 

En attendant (toujours) le FTTH… joies du THD en zone très dense

(suite de FTTH à Paris : enfin le vertical ?)

Une petite mise à jour pour dire… qu’il n’y a rien de nouveau.

Il semblerait que l’entreprise prestataire de la pose verticale ait pris du temps pour notifier SFR de l’accomplissement des travaux.

En tout cas le câblage horizontal, évoqué (j’allais dire promis, mais formellement ce n’est pas le cas) par SFR pour la rentrée, n’est toujours pas là.

Bref, ce nouveau délai, cette fois, n’est pas dû au syndic d’immeuble ni à la copropriété (seuls coupables évoqués par la presse généraliste lorsqu’elle va interroger les opérateurs sur les raisons du retard de la fibre en France).

Pendant ce temps, on nous inonde d’informations sur le développement de la 4G mobile, les déboires d’Alcatel-Lucent qui a du mal à vendre ses ses équipements, et apparemment personne ne s’intéresse au marché sous-exploité de la fibre.

Ceci, quelques jours après un colloque ARCEP où on entendait les opérateurs et équipementiers se plaindre de leur difficile métier.

Prenons date : dans 5 à 10 ans on nous expliquera politiquement qu’on a loupé le coche et que, si on avait su en 2013, etc. Or, on sait déjà…

Blocages inutiles de sites Internet : lutte contre la prostitution

Il est difficile d’écrire sur un sujet pareil, sauf à risquer de passer pour un sans-cœur souhaitant perpétuer l’exploitation de la misère humaine.

Il existe depuis des décennies une tendance politico-médiatique bien identifiée, celle des lois d’affichage, fondées consciemment ou non sur une constatation simple : il est plus facile et pas forcément moins efficace électoralement de dire et faire croire que l’on agit plutôt que d’agir efficacement.

La prostitution est illégale en France.

La prostitution n’est ni interdite ni autorisée en France, d’après Wikipedia. Un flou artistique typiquement français.

On pourrait penser le sujet clos d’un point de vue législatif.

Or une nouvelle proposition de loi souhaite renforcer les moyens de lutte contre celle-ci.

Je ne vais pas débattre de la pertinence ou non de cette interdiction, c’est un long débat et pas du tout ma spécialité.

Mais, comme de nombreuses personnes l’avaient craint lors du vote des lois sur le jeu en ligne, la tentation du blocage de sites s’étend peu à peu de manière pavlovienne à de nouveaux domaines d’activité, sans considération de son efficacité déjà intrinsèquement douteuse.

Ainsi, la nouvelle proposition de loi suggère d’instaurer un blocage soumis simplement au bon vouloir d’une administration — donc une nouvelle fois en toute opacité, sans le contrôle a priori d’un juge :

http://www.assemblee-nationale.fr/14/propositions/pion1437.asp :

« Lorsque les nécessités de la lutte contre le proxénétisme et la traite des êtres humains aux fins d’exploitation sexuelle relevant des articles 225-4-1, 225-5 et 225-6 du code pénal le justifient, l’autorité administrative notifie aux personnes mentionnées au 1 du présent I les adresses électroniques des services de communication au public en ligne contrevenant aux dispositions de cet article, auxquelles ces personnes doivent empêcher l’accès sans délai. Les décisions de l’autorité administrative peuvent être contestées devant le juge administratif dans les conditions de droit commun. »

Cela pourrait déjà être critiquable en soi.

Mais il est extrêmement facile de vérifier sans quitter sa chaise que les sites d'”escortes” comportent en général une mention de ce style pour échapper à la qualification de prostitution, donc a fortiori de proxénétisme ou de traite des êtres humains :

Les services proposés sont ceux d’une accompagnatrice de luxe. Toute autre relation qui pourrait intervenir relèverait de la vie privée entre deux adultes consentants et serait détachée de la prestation.

Autrement dit, les sites supposés visés par la future loi y échappent déjà à l’heure actuelle. Ils ne seront pas bloqués. Un joli coup d’épée dans l’eau. À moins, bien pire, que cela donne à l’administration le pouvoir de bloquer arbitrairement ce qui pourrait selon elle dissimuler un service de prostitution non ouvertement annoncé comme tel.

Par ailleurs, la différence avec les jeux en ligne est évidente : ici le site ne sert que de vitrine, alors que dans le cas des jeux en ligne, il constitue l’activité proprement dite.

Comme dans le cas de la lutte contre la pédophilie, le blocage ou la fermeture du site ne changeront donc strictement rien à l’activité sous-jacente. Un autre coup d’épée dans l’eau.

On peut donc, une nouvelle fois, parler de tartufferie au sens presque littéral.

Si j’avais mauvais esprit — un écueil dans lequel je ne voudrais pas tomber –, j’y verrais une volonté d’étendre à nouveau la mainmise du politique sur Internet, afin d’essayer de le civiliser, autant que peuvent l’être les média audiovisuels déjà sous la coupe le bienveillant patronage du CSA et de présidents de chaînes publiques nommés en toute indépendance.

Mise à jour 21/10/2013 : un article complet sur cette loi chez Camille.

 

Le VDSL2, ou le haut débit pour ceux qui l’ont déjà

Bon, celle là je la fais rapide, parce que je n’ai pas le temps de fignoler les références.

J’espère ne pas trop proférer d’énormités, les experts sont bienvenus pour me corriger si nécessaire dans les commentaires.

Nos fournisseurs d’accès nationaux annoncent en grande pompe le déploiement national du VDSL2 ce 1er octobre, sous le haut patronage de l’ARCEP qui a bien voulu les y autoriser (on est en France, on n’est pas là pour déployer n’importe quoi sans l’aval des autorités et la validation de France Télécom qui a encore la mainmise sur le réseau cuivre).

Le VDSL2, en gros, c’est une évolution de l’ADSL qui permet des débits plus élevés en changeant le matériel électronique à chaque extrémité, c’est à dire d’une part du côté du central téléphonique (vulgairement appelé NRA, nœud de raccordement d’abonnés) dans un équipement appelé DSLAM ; d’autre part à l’autre bout du côté de chez nous, c’est à dire dans le modem ou la box ADSL.

Le VDSL2 est présenté comme une manière économique d’accéder quasiment aux débits de la fibre optique, sans avoir à tirer pour cela de nouveaux câbles dans la voirie.

Et ce n’est pas faux, mais ce n’est pas tout à fait vrai non plus.

Car le VDSL2 n’est intéressant qu’en deçà d’une longueur de ligne de 1200 à 1500 mètres (Free place la barre à 1200 mètres). Habitant pourtant en zone très dense, en plein Paris, je suis à 1279 mètres de mon NRA. Dommage. En même temps, cela m’évitera la tentation de perdre mon temps avec cette technologie temporaire.

Autrement dit, le VDSL2 n’est intéressant (à condition d’avoir une box récente, le supportant) que pour les gens qui ont déjà de l’ADSL de très bonne qualité, profitant déjà de 15 à 20 Mbps en lien descendant. Ce sont donc, déjà, les plus privilégiés des abonnés cuivre.

En zone rurale ou moins dense, la norme est plutôt aux longueurs de ligne de 3 à 10 km. Autrement dit, les déjà moins bien connectés (qui bénéficient royalement de débits de 512 Kbps à 2 Mbps)  le resteront tant qu’ils n’auront pas la fibre.

En revanche, on peut établir des petits locaux de répartition intermédiaires, reliés généralement au NRA par une fibre optique, et qui permettent de réduire la longueur du cuivre jusqu’à l’abonné final, afin de profiter au mieux des progrès du VDSL2. Cette petite contrainte fait partie quasi-intégrante de la technologie. Mais cela réclame des travaux et donc, à l’heure actuelle, le VDSL2 qui est testé depuis près d’un an n’est pas déployé de cette façon.

De mon côté j’attends, donc, toujours la fin de pose de la fibre chez moi, le seul vrai support de transmission d’avenir.

Voilà.

Mise à jour : un article sur ZDNet beaucoup plus détaillé montrant que les locaux de répartition ne sont même pas possibles en France.