Le “très haut débit” et la fibre, oui, c’est utile

Alors…

…que l’installation de la fibre optique avance péniblement dans l’immeuble où j’habite,

…que les critères officiels “très haut débit” (THD) ont été réduits de 50 Mb/s à 30 Mb/s pour pouvoir y faire entrer le VDSL2 et le vieux câble télévision, afin de gonfler artificiellement les statistiques de déploiement…

Je suis tombé récemment sur quelques articles de la presse spécialisée se demandant à quoi des débits de 100 à 300 Mbp/s pouvaient bien servir. Les usages ne seraient pas là, ni la demande. Ah ?

Le VDSL2 qui commence à peine à être déployé présente quelques tares (distance réduite, gain relativement faible par rapport à l’ADSL2+) mais a l’avantage de ne nécessiter que le changement de quelques circuits électroniques aux extrémités, sans toucher au câblage.

La fibre optique (le seul vrai THD) permet, par rapport au cuivre (xDSL : ADSL, VDSL…) d’améliorer 4 paramètres :

  • le débit descendant : celui dont on parle en général, présupposant que l’Internaute est là pour consommer, pas pour participer/échanger)… x6 (minimum) par rapport à l’ADSL.
  • le débit montant : celui dont on parle beaucoup moins… au moins x50 par rapport à l’ADSL et ses pauvres 1 Mb/s ;
  • la latence : de 20-25 ms (ADSL “par défaut”) ou 6-7 ms (ADSL avec option “Fastpath”)  à moins d’1 ms ;
  • la distance : alors que l’ADSL est limité à quelques kilomètres avec un débit disponible décroissant rapidement, la fibre ne subit aucune dégradation.

Les applications qui peuvent profiter de ces améliorations en découlent directement.

Il y a d’abord tout ce qui existe déjà mais qui fonctionnera mieux, beaucoup mieux :

  • lecture vidéo de meilleure qualité
  • plus de flux vidéo simultanés (alors que par ailleurs il est question de soumettre à la redevance télévisuelle tout ce qui ressemble de près ou de loin à un écran)
  • téléchargements plus rapides pour les gros fichiers : par exemple, récupération de vidéos… de vacances, ou de gros dossiers photos
  • envoi de vidéo de haute qualité, vers des sites de vidéo en ligne, ou directement des amis, sans avoir à y passer des heures, et y compris en temps réel…
  • visioconférence haute définition, voire plusieurs visios HD simultanées
  • partage d’écran d’ordinateur
  • meilleure réactivité des jeux vidéo en réseau (les gamerz sont des obsédés de la latence)

Et ensuite il y a tout ce qui reste à populariser, rendre plus facile ou inventer, par exemple :

  • visios avec plus de 2 participants
  • lecture de DVD ou Blu-ray à distance
  • publication de vidéos personnelles
  • sauvegarde hors site
  • partage de gros fichiers sans passer par un serveur tiers (protection de la vie privée)
  • développement du peer-to-peer
  • orchestre réparti, chacun chez soi
  • objets connectés émettant de gros volumes de données…
  • et évidemment, impossible de tout anticiper…

Je me souviens des discours officiels au milieu des années 1990 : « Mais à quoi ça sert Internet ? Le Minitel suffit bien ! »

Bref, avant 5 ans, l’Internet très haut débit sera jugé aussi indispensable qu”Internet aujourd’hui.

L”UE est plus volontariste (horizon 2020) que la France où la date initiale de 2025 a été ramenée à 2022, la crainte du ridicule, sans doute, ou le besoin de subventions de la part des opérateurs…

Mise à jour, certains telcos commencent à vérifier ce qui précède : À Palaiseau, le très haut débit a bouleversé les usages des internautes

 

 

FTTH en France, saison 6 : du rififi chez le syndic, relance du dossier et repérage v2

(suite de la  saison 5)

Vous vous souvenez de l’épisode précédent, où l’assemblée générale de copropriété avait voté la signature d’une convention avec un nouvel opérateur d’immeuble, SFR.

Ensuite, rien pendant près de 6 mois.

Jusqu’à ce que j”entreprenne d’appeler, le 3 juin dernier, le syndic pour m’enquérir de l’avancement du dossier.

Le responsable du suivi de l’immeuble ayant quitté le syndic, et les dossiers n’ayant pas été transmis correctement à son successeur, la convention fibre a été enterrée ou perdue, bref, oubliée jusqu’à ce que je m’en inquiète.

Après quelques jours d’attente sans nouvelle, j’ai dû passer en mode “harcèlement”, c’est à dire en gros 4 relances téléphoniques et 2 emails pour obtenir une réponse. Le syndic a fini par recontacter SFR pour récupérer un nouveau contrat, le remplir, le signer et l’envoyer.

J’ai alors pris soin de donner mon numéro de téléphone portable au syndic en lui disant que je prenais tout en charge pour les visites. Pour le dire moins diplomatiquement : faire ce qui théoriquement relève de son boulot. Curieusement, cela semble avoir accéléré les opérations. C’était bien le but.

C’est donc hier 24 juin que je reçois, impromptu, un coup de fil d’une des entreprises responsables pour SFR des visites de repérage avant pose de la fibre, qui me proposait de passer immédiatement, 20 à 30 minutes plus tard. Inutile de dire qu’après 5 ans d’attente, on fait tout pour ne pas louper un tel rendez-vous. Par chance cela tombait dans mes horaires de disponibilité.

En quoi consiste une visite de repérage ?

– passer en revue, immeuble par immeuble et étage par étage, le nombre d’appartements à desservir et l’emplacement des placards et gaines techniques (principalement courants faibles : télécoms et câble télévision) pour y poser le câblage vertical fibre et les raccordements vers les appartements, et réaliser des schémas succincts de chaque pallier : couloir, appartements, ascenseur, escalier, placards.

– repérer au sous-sol les arrivées eau, égouts et/ou France Télécom pour identifier les points d’adduction (arrivée des fibres depuis l’extérieur) existants et possibles ;

– repérer les passages de câbles existants ou à poser pour pouvoir y installer de nouveaux câbles reliant le point d’adduction choisi aux gaines techniques des différents immeubles, et en faire un schéma. Chez nous, la liaison entre les deux immeubles est possible via un parking souterrain ;

– trouver un emplacement pour la pose du “point de mutualisation” où les fibres des différents opérateurs parviennent avant de desservir les étages. Chez SFR cela se concrétise par la pose de 3 petits coffrets dans les parties communes ;

– réaliser des photographies de tous les emplacements stratégiques suscités, ainsi que des plans d’évacuation incendie des sous-sols et rez-de-chaussée qui permettent d’avoir des plans exacts et relativement détaillés ;

– consigner le tout dans un rapport écrit (incluant un état des lieux avant travaux), qui servira de document de référence aux installateurs.

Note amusante, le point d’adduction choisi par SFR est le point d’arrivée des câbles France Télécom, alors que Free avait choisi d’arriver par les égouts, dans le “local eau” de la copropriété. Le point de mutualisation ne sera donc pas posé à côté de l’arrivée fibre Free horizontale.

Toute l’opération de repérage a pris un peu plus d’une heure pour une copropriété de 34 appartements, pendant laquelle il a fallu accompagner l’intervenant pour le guider dans sa visite.

Le délai annoncé avant pose est d’environ 3 à 5 semaines.

On m’a dit qu’avec un peu de chance cela sera peut-être possible avant le 14 juillet…

Jje croise les doigts, je touche du bois, j’ai préparé les cierges et j’immole chaque soir des paquets IPv4 et IPv6 sur un bûcher de jeunes commutateurs réseau.