120 grammes de concentré de technologie téléphonique

Qui s’imagine après avoir lu le titre que je vais parler de l’iPhone ? Je ne sais même pas à quoi vous faites allusion, d’abord. Jamais entendu ce nom-là.

Après quelques années de services que je ne peux décemment pas qualifier de « bons et loyaux », j’ai fini par remplacer mon (premier) téléphone portable, un Sony-Ericsson T68i. Un joli petit téléphone qui fonctionnait lentement, mais très correctement. Sauf pour téléphoner. Après quelques semaines d’utilisation, en 2003, j’ai la naïveté de croire que mon exemplaire est défectueux et je l’envoie au SAV, qui comme tout SAV efficace me le rend exactement dans le même état après deux semaines d’attente : difficultés fréquentes pour établir une communication, même (surtout) dans des conditions de très bonne réception, en pleine ville. Et si par erreur la communication passe, c’est alors le micro qui baisse les bras. Un peu déprimant, quand on a la joie d’établir finalement une communication après 20 ou 30 essais infructueux, d’entendre à l’autre bout : « Allo ? Allo ? Aaaaalllloooo ?… Alloooooo ? » suivi d’un raccrochage, alors qu’on est en train de s’époumoner pour se faire entendre. Une collègue, victime du même modèle nanti des mêmes symptômes, a fini par le donner à son fils afin qu’il l’achève dans d’atroces et méritées souffrances, ce qui fut fait prestement. De l’intérêt d’avoir des enfants.

J’ai tenu quatre ans comme ça, avec ce téléphone qui faisait presque tout sauf la téléphonie. Consolation : je n’ai que très rarement dépassé mon mini-forfait mensuel de 45 minutes. Tant pis pour mon opérateur, il n’avait qu’à bien choisir les modèles proposés.

« On a eu beaucoup de problèmes avec le T68i », m’expliquait donc le vendeur du magasin où j’ai procédé la semaine dernière à l’achat du jouet de remplacement, nanti d’un bon paquet de points de fidélité, et jurant que mon choix ne se porterait pas sur la même marque.

J’ai donc opté pour le Nokia 6110 Navigator. Des amis qui prennent le métro plus souvent que moi m’ont assuré qu’il y figure partout en publicité. Je l’ignorais alors, je ne l’ai choisi que pour ses qualités.

D’abord il téléphone, et même très bien. C’était mon premier critère. J’en vois déjà qui ricanent au fond, en pensant que ça va de soi, parce qu’ils n’ont lu ce qui précède qu’en diagonale.

Maintenant, accrochez-vous pour la soupe d’acronymes. J’en ai laissé quelques-uns en route, il y en a tellement que ça déborde. Pour avoir les explications détaillées, allez sur Wikipedia, j’ai la flemme de me taper les URL une par une.

Les connexions IP : GPRS et Edge, même 3G si je change d’opérateur, et aussi HSDPA (je ne sais même pas exactement ce que c’est). Navigateur WAP et HTML, dérivé de Safari. Client POP et IMAP. Possibilité dans certains cas mal élucidés de parler SIP, bien que ce soit interdit par mon opérateur (assez curieusement, les opérateurs de téléphonie payante ont horreur de la téléphonie gratuite). Possibilité d’installer des applications (il paraît qu’on dit mobilettes, quand c’est dans un téléphone) Java, comme Opera Mobile.

Les connexions locales : Bluetooth pour échanger des fichiers ou connecter l’ordinateur à Internet depuis le fin fond de l’Auvergne. Pas de wifi, on ne peut pas tout avoir dans 120 grammes, non plus, de toute façon il n’y a pas de wifi au fin fond de l’Auvergne.

L’organiseur : agenda et calculatrice, rustiques mais efficaces. Je pensais y être allergique, mais c’est surtout parce que je n’ai jamais réussi à supporter les PDA, trop gros pour être un téléphone et trop petit pour être un ordinateur. Lecteurs PDF, Word, Excel. L’agenda dispose d’une idée toute bête donc géniale : il m’impose sur la page d’accueil la liste des rendez-vous du jour. Je ne sais même pas si ça se désactive. Je n’oublierai donc certainement pas mon prochain rendez-vous, le 31 juillet.

Les gadgets ludiques qui ne m’inspirent pas plus que ça : lecture de vidéos DivX, petits jeux OpenGL, radio FM, lecteur MP3.

Les gadgets largement inutiles : appareil photo 2 Mpix, médiocre quand on est habitué à un bon vrai reflex. Vidéo, idem, ne vaut pas un mauvais caméscope. Avec tout ça, on peut parait-il effectuer des appels téléphoniques vidéo ; malheureusement je n’ai aucun personnage de Star Trek à appeler, je ne sais même pas si mon opérateur me laisserait faire.

Les trucs peut-être utiles mais dont je n’ai pas compris la configuration : Push-to-talk (protocole non précisé), une sorte de talkie-walkie du 3e millénaire. Instant Messaging (connu en français sous le nom de chat), protocole non précisé.

Et pour finir en beauté, les trois cerises sur le gâteau.

Le banal : la connectivité USB et la carte mémoire micro-SD, pour s’en servir comme clé USB. 2 Go en remplaçant la carte d’origine, ça permet de voir venir.

Le moins banal, mon coup de coeur : le GPS intégré. Avec sa cartographie, sa qualité de réception et son interface vraiment pensée pour le mobile (dites lui “tou eif” et il comprend ce que vous cherchez), il fait honte à mon vieux Garmin de randonneur et à mon GPS de voiture réunis (qui, cela dit en guise d’excuse, ne sont plus tout jeunes) ; c’est aussi la première fois que je vois un récepteur GPS arriver à faire le point de l’intérieur d’un bâtiment (si ! ça sert ! pour des démonstrations).

Et la bonne grosse cerise pour geek : la possibilité d’installer, sous le système Symbian, un environnement Python pratiquement standard pour écrire soi-même les applications qui manquent. D’ailleurs, j’ai déjà quelques idées concernant Vélib (un autre joli concentré de hi-tech, qui marchera mieux dès qu’ils se seront débarrassés de Windows) pour relier ça au GPS et à leur site WAP.

Tout ça dans un bidule gavé de transistors qui pèse 120 grammes et qui tient dans la poche presque aussi facilement que le Sony. J’ai beau fréquenter ce genre de gadget depuis longtemps, je n’arrive pas à être blasé. Alors quand en plus ça marche, c’est tout simplement le bonheur.

Bon, je reconnais que le Sony a tout de même un avantage sur le Nokia : son écran se raye beaucoup moins facilement. C’était nécessaire pour le protéger des coups furieux de ses utilisateurs excédés.

7 thoughts on “120 grammes de concentré de technologie téléphonique”

  1. Étonnant ! J’étais moi aussi muni d’un Nokia 6111. Que je trouvais détestable. Très mauvaise acoustique, l’impression de repartir au temps du radiocom 2000.

    Pour moi, c’est un très mauvais téléphone. Je n’ai testé aucune autre de ses fonctionnalités tant celle-ci, essentielle, m’était désagréable.

    Fort heureusement, il y a un dieu pour les ivrognes et il subit un choc lors de mon dernier voyage en avion. Pour me permettre d’avoir un téléphone, on me prête un Sony Ericson K700i… J’ai l’impression que mes correspondants hurlent dans leur téléphone tant l’acoustique est bonne.

    Voilà un prétexte (de plus?) pour craquer pour l’iPone (na, c’est dit) quand il sortira (et que j’aurais testé l’acoustique).

  2. Les appareils photo intégrés aux téléphones portables peuvent être très utiles si on s’en sert pour la prise de notes. Par exemple, tu passes devant chez ton docteur, dont tu as toujours été incapable de retenir les horaires de consultation… Paf, tu prends une photo en 3 secondes et ensuite tu retranscris ça sur un coin de papier ou de PDA lorsque tu es tranquillement chez toi. Prendre des photos de tes contacts pour qu’elles s’affichent quand ils t’appellent peut être rigolo aussi, sans être mortellement indispensable.

  3. Le_Jax : pour le 6111, j’avais demandé aussi au vendeur, pensant que d’après la différence de numérotation il devait y avoir exactement une chose en plus. Le vendeur m’a répondu que le 6111 n’a strictement rien à voir avec le 6110 “actuel” qui s’appelle en fait 6110 Navigator. Il a aussi existé un “vieux” 6110 sur lequel je suis tombé en faisant des recherches, qui lui a peut-être un rapport avec le 6111…

    Olive : mince, tu as raison. Faute de frappe, corrigé. Je tape LDAP trop souvent, il faut croire.

    OB : je n’avais pas pensé à ça. Récemment j’ai photographié un vieux bouquin épuisé et introuvable afin d’en garder une trace, on se croirait dans un vieux film d’espions quand on fait ça… mais c’est vrai que j’ai pris en photo un autocollant anti-chiens devant le Pouch’la que m’a montré Jacques.

  4. HSDPA, c’est l’espoir d’obtenir 1 Mb/s en downlink sur des transferts de données en 3G (UMTS). Quant au push-to-talk, c’est une fonctionnalité de talkie-walkie privé (et gratuit) entre plusieurs téléphones qui excitait les opérateurs il y a quelques temps, mais que, si je ne m’abuse, aucun d’entre eux n’a mis en service en France (ni probablement en Europe). Ce bouton-là, j’ai bien peur qu’il ne serve à rien. Pour les appels visio, oui, tu peux, mais en 3G seulement (aux deux bouts). Selon opérateur et promotions, ça coûte le double d’un appel vocal. Ou le même prix.

  5. François : pour Push-to-talk (quelques vagues infos ici), ça semble reposer sur SIP, il y a peut-être encore un espoir ; ça reste soumis au bon vouloir de l’opérateur pour ne pas filtrer SIP.

  6. Cool tout ça. Y’a plein de sigles que je pas comprendre, mais j’a suis très beaucoup ignorant. Non, cousin, c’est un peu prise de tête tout ça !? D’où ma remarque : ils faisaient comment à l’époque les Brigades du Tigre ???? 😉

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