Un matin récent, j’avais pour mission de traverser les étendues sauvages et inexplorées du sud-ouest de la région parisienne.
Pour apporter un peu de piment à cette échappée, la neige avait décidé de tomber résolument quoiqu’avec sa douceur coutumière.
Me voilà donc à 8h55 sur le quai 10 de la gare Montparnasse. La rame qui va assurer le train que je dois prendre, prévu à 8h58, arrive à quai avec 2 minutes de retard sur sa mission précédente, emplie de voyageurs : une unité double de Z5300, celles qu’on appelle les petits gris.
Le conducteur a trois petites minutes pour s’installer, alors que son confrère arrivant libère la cabine à l’autre extrémité. Je le vois entrer à toute allure, puis l’entends déverrouiller la boite à leviers (bip bip bip bip), faire les essais de freins (tchuuuuuuuu) et de VACMA : relâchement plus de 3 secondes, tûûûût, freinage d’urgence (tchuuuuuuuuu) et disjonction, réarmement, maintien pendant plus de 58 secondes, dring, freinage d’urgence (tchuuuuuuuuu) et disjonction, réarmement… Tout cela demande une certaine dextérité et une excellente coordination… 8h58 et 30 secondes : prêts. Chapeau.
Encore faut-il obtenir l’autorisation de départ, qui ne viendra qu’à 9h04… 6 minutes de retard qu’il ne faut pas espérer rattraper avec ce rail enneigé, humide au mieux.
Nous voilà partis aussitôt dans le ronronnement typique des moteurs électriques, grave puis montant continûment en fréquence. Je constate avec satisfaction que les Z5300, quoiqu’en disent les mauvaises langues, n’ont pas vieilli d’une ride depuis 40 ans : leur accélération est toujours aussi poussive qu’aux premiers jours, lorsque je les empruntais sur ce qui ne s’appelait pas encore le RER C. Rien à voir avec les départs et arrêts « métro » des rames MI79 du RER B. Les Z5300 ont tout de même été rénovées il y a quelques années, les portes inox cédant la place à des portes rouge pétard, les sièges d’origine en skaï véritable remplacés par des sièges en matière synthétique au confort compatible. L’esprit original de l’oeuvre a été largement conservé.
Je dégaine le GPS, bonne occasion pour tester “My Tracks” d’Android. Sortie de gare 25 km/h, puis 30, 50… nous dépassons même quelques secondes le 70 ! Et déjà la décélération pour le premier arrêt. Plus loin, nous friserons même un instant les 95 km/h. On en rigole, mais (quand on a le choix) c’est plutôt mieux que de rouler au pas sur une autoroute urbaine limitée à 110 ou une zone urbaine spammée de feux rouges ; depuis chez moi en tout cas il n’y a pas photo, surtout par temps de neige.
Je reconnais la légère odeur de bakélite chaude et d’échauffement électrique (chauffage électrique, ou résistances de démarrage ? Il faudra refaire un essai en été) qui se diffuse dans l’espace voyageurs.
Je m’amuse à suivre du regard les voies plus ou moins fréquentées, trahies par la neige. Garages, évitements, voie principales desservies avec une faible fréquence.
Bilan : 8 minutes de retard à l’arrivée, soit seulement 2 minutes perdues ; joli score, au regard des intempéries. La motrice a sûrement dû patiner, ici ou là, mais je n’ai rien remarqué.
En conclusion, nos bonnes Z5300 sont toujours vaillantes. 44 ans à peine pour les plus anciennes, c’est jeune ! Quand je pense que certains veulent s’en débarrasser… Je suis content d’avoir eu l’occasion d’en emprunter une avant leur retraite programmée, je sais que tout le monde ne les regrettera pas… pour moi, ce sont les X2800 du parisien (et j’ai conscience que les vrais ferrovipathes risquent de me lyncher pour cette affirmation).
Définitivement : chauffage électrique. De mémoire, il y a de petit trucs bizarre avec pleins d’ailettes grises sous certains sièges. Assis dessus, y a pas photo.
http://pagesperso-orange.fr/florent.brisou/Fiche%20Z5300.htm
Tst tst….”petit gris”, c’était “avant”. Maintenant,; l’expression consacrée pour ces tas de ferraille que sont devenues les Z5300 est “couscoussières”, parmi les voyageurs réguliers de la ligne N. Le pire est en plus que ces veaux ne sont pas seulement la règle sur les omnibus Paris-Sèvres (comme ce que tu as visiblement fait), mais également sur la moitié environ des Paris-Rambouillet. Je recommande notamment le passage en vitesse des aiguilles de St-Cyr, à 100km/h…mieux que le train de la mine chez Mickey…dommage qu’on s’arrête maintenant à St-Cyr, il ne reste alors plus que les aiguilles du triage de Trappes sur voie 2bis (mais on ne roule qu’à environ 80-90).
Sinon, je recommande aussi le chauffage des engins. Mode tout ou rien. Soit tu es sur le siège qui a un radiateur (oui oui les trucs bizarres à ailettes) et tu cuis façon saucisse…soit tu es sur celui qui n’en n’as pas et tu gèles.
Vraiment, on ne les regrettera pas, ces ruines ambulantes…Malheureusemment, on sera probablement les derniers de la région à en avoir encore…
Christian Perrier : merci pour ton explication, j’ai pensé très fort à toi en prenant ce train et en rédigeant cet article, et j’adore cette expression de « couscoussières », c’est tellement adapté à leur tôle inox…
Non non, je n’étais pas sur une rame pour Sèvres (qu’est ce qui a pu te donner cette impression ? l’unité multiple ?) mais bien sur le Paris-Rambouillet (ROPO) de 8h58. Effectivement au retour j’ai eu droit à une confortable rame 2 niveaux bleue dont je ne connais pas la dénomination exacte, pas fait gaffe si c’était le truc poussé par les pimpantes BB 37000.
Une petite partie de mon propos était de récuser la qualification « que sont devenues », en effet je n’ai pas remarqué de différence sensible avec ce dont je me souviens de leur état quasi-neuf, d’où mon admiration (euh) pour leur vieillissement à peine notable. Tas de ferraille un jour, tas de ferraille toujours… :-).
L’impression que c’était un Paris-Sèvres venait de l’arrêt presque immédiat dont tu parlais.
Mais en fait, dans le sens où tu l’as fait, le train est direct Sèvres puis omnibus, donc on s’arrête en fait assez vite. Et j’aurais du faire gaffe à la mention d’UM. Il n’y a pas d’UM de Z5300 sur Paris-Sèvres: meme en heure de pointe, c’est une seule rame.
Les rames bleues, qui sont en fait des VB2N rénovées, sont effectivement très bien.
Christian Perrier : c’était une mission ROPO, omnibus (ça doit être pour ça qu’il met quelques minutes de plus que d’autres trains). Le premier arrêt c’était Vanves-Malakoff sauf erreur.