Attention, ce qui suit est réservé aux cyniques endurcis.
Vous connaissez sûrement le principe de Peter : chacun s’élève dans la hiérarchie jusqu’à son niveau d’incompétence.
Vous connaissez peut-être son contraire (ou sa suite, suivant la façon dont on voit les choses) : le principe de Dilbert : on réserve aux incompétents les promotions vers des postes d’encadrement.
Voici maintenant le principe de Gervais, décrit par un très bel article (en anglais).
Il faut d’abord planter le décor : l’entreprise est composée de sociopathes en haut de la hiérarchie (les ambitieux qui ne s’encombrent pas d’états d’âmes ; on en voit régulièrement des exemples fort médiatisés dans l’actualité des grands groupes, de FT à l’EPAD en passant par la Société Générale ou Vivendi), de losers en bas de l’échelle (les productifs qui ont abandonné la juste rétribution de la valeur qu’ils fournissent contre la sécurité d’un salaire qui tombe chaque mois), et de clueless, la hiérarchie intermédiaire composée de semi-naïfs incompétents : incapables de se recaser ailleurs, donc plus ou moins contraints d’appliquer avec zèle la politique d’enterprise. En français, on appelle souvent ces derniers les fusibles, terme qui résume très bien leur situation vis-à-vis des sociopathes.
Le principe de Gervais s’énonce ainsi : les sociopathes, dans leur propre intérêt bien compris, promeuvent les losers les plus productifs dans la hiérarchie intermédiaire (application d’un mini-principe de Peter) et propulsent les losers les moins productifs directement à l’étage des sociopathes (application du principe de Dilbert démultiplié) Quant aux losers “moyens”, on les laisse à leur place se débrouiller entre eux.
Je vous laisse lire l’article d’origine pour les détails. C’est savoureux d’un bout à l’autre et cela cadre parfaitement avec les observations que l’on peut faire dans les moyennes et grandes entreprises gérées de manière moderne par de bons managers.