Google, Gmail et la fonction “web history”

Ayant un compte Gmail, dont l’utilisation nécessite l’activation des cookies sur le navigateur, je savais que par ce biais Google pouvait associer mes recherches web via google.fr ou google.com à mon compte Gmail, que ces recherches soient effectuées depuis chez moi, depuis mon travail ou depuis tout endroit d’où je me connecte sur mon compte Gmail.

Utilisant une extension affichant le PageRank (le « poids » sur Internet de la page en cours de consultation, évalué par Google, qui sert directement à classer les résultats des recherches), je savais également que pour obtenir cette information, mon navigateur fournit à Google toutes les adresses web que je visite (comme le font également les fonctions type “Find Related Pages” que proposent certaines extensions pour les navigateurs Mozilla et Opera). Et je savais donc que, comme les résultats de recherche, tout cela pouvait être relié à mon compte Gmail, et aux adresses IP que j’utilise.

Je me rassurais en me disant qu’il y a une nuance entre pouvoir faire et faire.

Et tout à coup, ça me revient en pleine tronche par un petit lien innocent en haut des résultats de recherche : web history. Google peut me rebalancer, non seulement la liste complète des recherches que j’ai effectuées, mais aussi celle des pages que j’ai visitées depuis janvier 2007 aux moments où j’étais connecté sur mon compte Gmail depuis le même poste. Google sait ce que j’ai recherché et peut même me dire quels sites j’ai visités parmi les résultats.

Je peux aussi retrouver toutes mes recherches Google Maps. Toutes mes recherches Google News. Probablement bientôt aussi les recherches d’images (pour l’instant elles ne semblent pas apparaître).

Tout ce mouchardage n’est donc pas nouveau. Il est activé par défaut quand on utilise Gmail, même si on n’a pas choisi l’option « web history » (dont je ne connais pas la date de mise en service, mais qui semble toute récente). Cette dernière active seulement l’accès aux données collectées, et permet également d’y faire le ménage ou de mettre la fonction en « pause ». En un sens le service web history sert seulement d’alibi a posteriori à une collecte de données effectuée à des fins toutes autres depuis longtemps.

Cette nouvelle fonction est une nouvelle étape dans l’intégration progressive de la page de recherche de Google avec les autres services fournis par Google ; iGoogle (clone de Netvibes) était déjà un pas dans ce sens. L’intention est manifestement de multiplier les services nécessitant l’identification de l’utilisateur et de restreindre donc par contrecoup l’utilisation de la recherche Google « anonyme ».

Conclusions, pour l’instant :

  • heureusement que j’utilise très peu Gmail ;
  • c’est sympa de la part de Google de fournir l’accès à un historique qui existe de toute façon ; c’est fait de manière assez éhontée, d’ailleurs : « Ben oui, on stocke absolument tout ce qu’on peut sur vous, et on vous en fait profiter, c’est pas super, ça ? Où est le problème ? » ;
  • je suis surpris que ça n’ait provoqué aucune réaction. Mais la fonction semble nouvelle, et j’étais déjà surpris que personne ne se soit jamais ému des mouchards type “Related Pages”, bien plus anciens ;
  • j’ai beau faire, je ne parviens pas à ne pas trouver ça au moins un peu inquiétant.

9 thoughts on “Google, Gmail et la fonction “web history””

  1. Encore une excellente raison pour ne jamais prêter son navigateur web (ça doit être pour ça, par analogie avec la brosse à dents, qu’on appelle ça un brosseur, d’ailleurs…)

    M’en vais configurer un compte « Invité » sur la machine, tiens. Ça fait longtemps que je me dis qu’il faudrait le faire.

  2. OB : merci, faut que je prenne le temps de voir cette vidéo (je sais pas pourquoi mais je trouve toujours ça moins pratique que du bête texte). La FAQ est pas mal non plus.

    Thomas : tu peux voir ça dans l’autre sens aussi, ça te permet facilement d’épier a posteriori ce qu’ont fait tes invités avec ton navigateur.

  3. Tiens, c’est rigolo. Pour comprendre la politique de confidentialité des données Google, il faut obligatoirement pouvoir faire tourner Flash? Et ceux qui n’ont pas Flash, ils doivent faire confiance aveuglément? (Bertrand, lache ce clavier!)

  4. Vincent : tu arrives à être encore plus mauvaise langue que moi, c’est un exploit :-). Je vais essayer de te faire concurrence : non, la vidéo est apparemment un remâchage simplifié pour neuneus de leurs textes et conditions d’utilisation. Flash s’impose donc pour toucher au coeur de cible 🙂

  5. Bon, j’ai regardé la vidéo. C’est une vidéo didactique très basique sur ce que sont un cookie, une adresse IP, une requête de recherche, etc.

  6. J’ai posté cette URL parce qu’elle contient des liens sur la communication que Google fait sur ce sujet, i.e. la « privacy policy » et la FAQ. Je suis désolé qu’il y ait, sur la route, également des liens pour de vulgaires utilisateurs finaux :p

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