Quand un philosophe (?) parle des possibilités d’adressage d’IPv6, on obtient ce chef-d’oeuvre :
Le système d’adressage d’Internet permet de gérer aujourd’hui quatre milliards d’adresses. A priori, cela peut sembler suffisant. Mais, avec l’irruption de l’Inde, de la Chine, et parce que les Américains gèlent pour leur propre compte un nombre considérable d’adresses, ce nombre est trop juste. On aurait pu passer de 4 à 10 milliards d’adresses, c’était suffisant. Au lieu de cela, avec le passage à l’IPv6 [la version 6 du protocole d’Internet], on saute à une échelle tout à fait différente. On va pouvoir piloter 340 milliards de milliards de milliards de milliards d’adresses. Cela correspond grosso modo au nombre d’atomes peuplant la Terre. On vise l’échelle atomique. Nous sommes dans le registre absolu de la volonté de puissance : il n’y a pas de pensée aujourd’hui pour la domestiquer. C’est cela qu’on trouve chez Nietzsche. La volonté de puissance, c’est quand il n’y a plus de finalité humaine. Or, le débouché naturel d’un excès de puissance par rapport à l’emploi de cette puissance, c’est la guerre…
Philippe Lemoine dans une interview à Libération.
Le plan international de numérotation téléphonique (E164) est limité à 15 chiffres décimaux, hors code pays. Le téléphone est donc beaucoup moins dangereux qu’IPv6, mais beaucoup plus dangereux qu’IPv4, la meilleure preuve en étant que l’invention du premier fut suivie de deux guerres mondiales.
Il est rassurant de voir que les philosophes modernes, à condition de savoir compter (d’où l’importance d’une solide formation en mathématiques), savent nous mettre en garde contre les vrais dangers de notre temps.