Au sujet de copwatchnord-idf.eu.org

Ce billet va être un tantinet abscons car technique, et je n’ai malheureusement pas le temps de développer… que les lecteurs veuillent bien m’en excuser. Il y aurait beaucoup à dire, des pages et des pages, mais je vais me limiter à l’essentiel.

Rapide historique

Le site copwatchnord-idf.org a défrayé la chronique cet automne car il a provoqué l’ire du ministère de l’Intérieur. Ce dernier a réussi à en obtenir le blocage sur le territoire français, obtenant aussitôt un bel effet Streisand puisque des miroirs sont apparus aussitôt après. Ce blocage a été obtenu par le blocage, par les principaux fournisseurs d’accès français, de l’adresse IP du site, qui se trouve hébergé aux États-Unis. On trouvera sur Numérama un résumé de l’affaire. Selon cet article ultérieur de Numérama, les éditeurs du site Copwatch ne s’étant pas présentés à l’audience, le tribunal n’a pas débattu de la légalité du site .

Depuis quelques jours, le site est réapparu à l’adresse https://copwatchnord-idf.eu.org/. Le 24 janvier, cela a donné matière à un article sur le site web du journal Le Point : Censuré par Claude Guéant, Copwatch revient.

Or, le domaine copwatchnord-idf.eu.org, comme son nom l’indique, a été réservé via eu.org, service que je gère depuis 1996 avec l’aide d’une équipe de bénévoles. Le domaine copwatchnord-idf.eu.org a été validé (rendu utilisable) le 5 novembre 2011.

Pour rappel, eu.org n’est pas hébergeur mais distribue des noms de domaine gratuitement. eu.org est un simple intermédiaire technique et a distribué à ce jour plus de 20 000 domaines.

Les nouvelles du jour

Des bruits laissaient entendre cet après-midi que la place Beauvau aurait dit qu’il serait pratiquement impossible d’identifier l’hébergeur de eu.org.

Mon intuition me dit que si la place Beauvau mentionne actuellement eu.org, c’est très probablement en raison de la réapparition de Copwatch.

Revenons sur les termes de l’affirmation ci-dessus :

– l’hébergeur (celui qui fournit le serveur contenant les pages web ainsi que les logiciels du service de fourniture de noms de domaine) est parfaitement identifié puisqu’il s’agit de moi-même, sur ma liaison ADSL personnelle. Je suis facilement identifiable par la base publique Whois des noms de domaine publiée par le registrar Gandi.net (pour les domaines dont il a la charge) ; de même mon fournisseur d’accès, Free, est facilement identifiable par la base Whois d’allocation des adresses IP dans laquelle figure le bloc où se trouve celle que j’utilise.

– l’hébergeur de eu.org n’a rien à voir avec les hébergeurs des 20 000 sites, dont Copwatch, délégués par eu.org via le système de noms de domaine ;

– la prestation fournie par eu.org à ses utilisateurs, dont Copwatch, n’est pas une prestation d’hébergement mais la simple fourniture (on dit délégation) d’un nom de domaine.

– les personnes responsables des domaines ainsi fournis (délégués) fournissent des informations de contact supposées sincères, dont l’exactitude n’est pas vérifiée, mais qui sont diffusées publiquement sous le nom de base Whois. Au minimum il faut que l’adresse email fournie et les serveurs de noms soient techniquement corrects au moment de la demande de délégation du domaine, sinon l’enregistrement est refusé.

Et maintenant ?

Il est probable que le ministère de l’Intérieur va demander que le site copwatchnord-idf.eu.org soit, sinon fermé proprement dit, du moins rendu inaccessible. Le site étant physiquement hébergé aux USA, il est impossible d’obtenir la coupure du serveur qui l’héberge pour la même raison qu’en octobre.

En revanche, il est possible, par exemple, que :

– le ministère demande aux fournisseurs d’accès français, de même qu’en octobre, le blocage pour les accès depuis la France de l’adresse IP du nouveau site (située chez le même hébergeur que l’ancien) ;

– ou qu’il demande à eu.org la coupure du domaine copwatchnord-idf.eu.org.

N’étant pas juriste, je ne suis pas en mesure de juger de la légalité, ni des mesures citées ci-dessus qui posent de sérieuses questions sur les libertés publiques, ni du site Copwatch lui-même.

J’espère en tout cas que l’on n’utilisera pas une bombe atomique pour atteindre la cible, comme c’est malheureusement trop souvent le cas par les temps qui courent lorsqu’Internet est concerné.

Mise à jour : article du 1er février de PcInpact sur le développement de l’affaire (et encore un autre nom de domaine pour le site : copwatchnord-idf.meta.gd). Rendez-vous le 7 février apparemment…

Mise à jour 2 février au soir : un article d’Arrêt sur images revient sur l’affaire.

 

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