Category Archives: ipv6

IPv6 en préparation chez Free

Freenews nous annonce que Free a récupéré une plage d’adresses IPv6.

D’après ce que j’ai appris par ailleurs à l’aide de mon petit doigt (plusieurs petits doigts indépendants, en fait), le déploiement d’IPv6 chez Free serait plus avancé que ce que laissent croire certaines déclarations publiques de leurs ingénieurs. Le message précédent date du 2 novembre, la réservation du bloc 2a01:5d8::/32 date du 8 novembre, comme nous le montre le serveur whois RIPE. On réfléchit vite, chez Free 🙂

inet6num: 2a01:5d8::/32
netname: FR-PROXAD-20071108
descr: Proxad, Internet Service Provider in France
country: FR
org: ORG-PISP1-RIPE
admin-c: ACP23-RIPE
tech-c: TCP8-RIPE
status: ALLOCATED-BY-RIR
mnt-by: RIPE-NCC-HM-MNT
mnt-lower: PROXAD-MNT
mnt-routes: PROXAD-MNT
source: RIPE # Filtered

6to4, IPv6 pour (presque) tous

Vous voulez essayer IPv6 mais votre fournisseur d’accès ne se décide pas à proposer le service et ne vous répond que par des ricanements ?

Pour se connecter en IPv6 malgré les fournisseurs grognons ou arriérés, il existe plusieurs techniques plus ou moins simples ; toutes nécessitent cependant l’établissement d’un tunnel pour se relier, depuis IPv4, à un site connecté en IPv6.

Le procédé le plus simple à ce jour s’appelle 6to4 [fr] (voir aussi la page 6to4 [en] plus complète). Il s’agit d’un système de tunnel automatique, au sens où il suffit d’utiliser des passerelles déjà en place sur Internet. La seule extrémité à configurer est celle de l’utilisateur. Cela en simplifie grandement la mise en oeuvre, qui peut théoriquement être aussi simple qu’un simple option à activer dans le système d’exploitation.
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IPv6 at RIPE-55 and an upcoming communication

The RIPE-55 meeting takes place this week in Amsterdam. The hot matter currently is the expected death-by-[address-]exhaustion of IPv4.

So, on Monday, the main matter was IPv6 deployment (a lot of interesting stuff, most presentations are accessible as PDF files).

IPv4 address depletion was on the agenda Tuesday afternoon:

IPv4 Depletion Session

  • ETNO Common Position on IPv4 Exhaustion – Mark McFadden, BT – pdf [ 29 KB ]
  • Changing IPv4 Allocation Policy – Remco van Mook, VIRTU – pdf [ 76 KB ]
  • IPv4 Depletion and the Afterworld – Geoff Huston, APNIC – pdf [ 2.25 MB ]
  • Open Microphone / Discussion

Tuesday’s first two presentations reflect on future IPv4 address allocation policies. They don’t agree on what needs to be done; the first one, from ETNO (European Telecommunications Network Operators Association), is firmly opposed to a would-be “IP address marketplace”. The second document, from VIRTU (a Netherland-based hosting provider) holds almost the opposite view, saying that the various regional RIRs should be able to exchange address blocks to adapt to local needs, and leave LIRs invent and apply their own policies regarding address trading.

My personal conclusion is that a lot of wrestling over IPv4 addresses is to be expected in the coming years, and it will only get worse and worse with time.

The third document is a must-read, an updated version of the Geoff Huston presentation I already wrote about [fr] . I liked the train crash illustrations :-). The conclusion obviously remains: we’ll need to transition to IPv6 no matter what, and the sooner the better.

In that spirit, RIPE is discussing a Community Resolution (draft) on its IPv6 and Address-allocation mailing lists. Such a communication is desperately needed: most professionals (network administrators, network consultants) I spoke with about the Geoff Huston documents had a skeptical reaction along the lines of “Transition? Yeah right, I’ve been hearing that for 8 years now, so maybe one day”.

Using mod_proxy to convert a legacy IPv4 web site to IPv6

In preparation for the impending doom of IPv4, and in order to put my money where my mouth is [fr], I decided to make this blog natively accessible through IPv6.

The first problem I ran into is that my blog runs in a FreeBSD jail. Jails are a fine way to run a virtualized environment but they only support IPv4 at the moment. So I had the following options:

  • implement IPv6 in jails myself (this wouldn’t have happened overnight);
  • wait for someone else to;
  • abandon the idea;
  • find a workaround.

Finally I found a workaround, using Apache mod_proxy as a separate server to provide a IPv6 frontend (a configuration called reverse proxy). Continue reading Using mod_proxy to convert a legacy IPv4 web site to IPv6

IPv6 : vivement la retraite d’IPv4

Qui se préoccupe vraiment d’IPv6, le protocole de prochaine génération de l’Internet ? Pas grand monde. C’est un peu comme la réforme des retraites ou le dentiste : tout le monde sait très bien qu’il faut y passer, mais on préfère laisser les autres essuyer les plâtres.

Les fournisseurs de connectivité grand public en France par exemple ne proposent pas IPv6, à l’exception notable de précurseurs comme Nerim. Malgré la pétition IPv6 pour tous qui a tenu l’objectif (10000 signatures) que lui avait assigné Free avant de commencer à bouger, on attend toujours que cela soit déployé jusqu’à la Freebox. Seuls des opérateurs orientés recherche comme Renater fournissent de l’IPv6 natif.

Côté contenus, ce n’est pas brillant non plus : ni des services majeurs comme Google ou Yahoo, ni des hébergeurs de contenu comme Akamai n’ont le moindre serveur public en IPv6 qui donnerait l’exemple.

En fait, les seuls qui ont vraiment avancé pour l’instant sont les fournisseurs d’équipements et de systèmes d’exploitation : Cisco, Juniper, FreeBSD, Linux, tout le monde est prêt, même Microsoft… mais aussi les vendeurs de téléphonie mobile comme Nokia : l’IP mobile est un marché qui va connaître une croissance fulgurante dans les toutes prochaines années, et IPv6 est rigoureusement indispensable si tous les téléphones de la planète doivent avoir leur propre adresse.

À part ses plus grandes capacités d’adressage, malheureusement, IPv6 n’apporte pas grand chose par rapport à IPv4. Il ne peut pas non plus le remplacer totalement pour l’instant : il ne permet pas d’accéder aux sites IPv4, l’Internet actuel. Autrement dit, utiliser IPv6 ne dispensera pas d’utiliser IPv4 pendant toute une période de transition. IPv6 n’ayant pas trouvé sa « killer-app », on pourrait en rester là et continuer joyeusement avec IPv4 et l’Internet « classique », sans rien changer à ce qui existe.

Seulement, le problème qui a motivé le développement d’IPv6 n’a pas disparu pour autant : d’après une étude récente de Geoff Huston sur les statistiques d’allocation, l’IANA (l’organisme qui les distribue aux registres régionaux sur chaque continent) va arriver à court d’adresses IPv4 vers la fin 2009, dans à peine 2 ans : demain. Peu de temps après, les registres régionaux à leur tour vont se trouver à court, ce qui signifie, au minimum qu’il va falloir gérer la pénurie et que les règles de distribution d’adresses vont subir des ajustements sévères.

En clair, dès 2010 ou 2011 (le temps que les dernières allocations percolent jusqu’à l’utilisateur final), il va devenir difficile ou impossible pour les sites et fournisseurs existants de faire croître leur espace adressable IPv4, et tout autant difficile pour les nouveaux connectés d’obtenir les adresses IPv4 dont ils ont besoin. Dit autrement, à partir de 2011 environ, certains nouveaux connectés n’auront le choix qu’entre IPv6 et rien du tout. Voilà qui motivera tout le monde à se préoccuper de transition…

Un autre article du même Geoff Huston résume très bien les différentes options envisageables et celles qui ne le sont plus. La transition « douce » (déploiement d’IPv6 avant la pénurie d’adresses IPv4) n’est plus au menu.

En conclusion, le moment de se retrousser les manches est arrivé, tout le monde est concerné, et le fait qu’IPv6 n’intéresse (toujours et encore) personne n’est plus une excuse suffisante pour se tourner les pouces !

IPv6, c’est la guerre

Quand un philosophe (?) parle des possibilités d’adressage d’IPv6, on obtient ce chef-d’oeuvre :

Le système d’adressage d’Internet permet de gérer aujourd’hui quatre milliards d’adresses. A priori, cela peut sembler suffisant. Mais, avec l’irruption de l’Inde, de la Chine, et parce que les Américains gèlent pour leur propre compte un nombre considérable d’adresses, ce nombre est trop juste. On aurait pu passer de 4 à 10 milliards d’adresses, c’était suffisant. Au lieu de cela, avec le passage à l’IPv6 [la version 6 du protocole d’Internet], on saute à une échelle tout à fait différente. On va pouvoir piloter 340 milliards de milliards de milliards de milliards d’adresses. Cela correspond grosso modo au nombre d’atomes peuplant la Terre. On vise l’échelle atomique. Nous sommes dans le registre absolu de la volonté de puissance : il n’y a pas de pensée aujourd’hui pour la domestiquer. C’est cela qu’on trouve chez Nietzsche. La volonté de puissance, c’est quand il n’y a plus de finalité humaine. Or, le débouché naturel d’un excès de puissance par rapport à l’emploi de cette puissance, c’est la guerre…

Philippe Lemoine dans une interview à Libération.

Le plan international de numérotation téléphonique (E164) est limité à 15 chiffres décimaux, hors code pays. Le téléphone est donc beaucoup moins dangereux qu’IPv6, mais beaucoup plus dangereux qu’IPv4, la meilleure preuve en étant que l’invention du premier fut suivie de deux guerres mondiales.

Il est rassurant de voir que les philosophes modernes, à condition de savoir compter (d’où l’importance d’une solide formation en mathématiques), savent nous mettre en garde contre les vrais dangers de notre temps.