Apprendre à programmer à un enfant avec Scratch

Ça fait longtemps que je cherchais un moyen simple d’apprendre à mes enfants à programmer.

Je leur avais déjà montré comment faire de petits calculs en Python, alors que l’ainé connaissait à peine la table de multiplication. Ça les a intéressés, mais sans vraiment accrocher. La ligne de commande, ce n’est pas folichon.

Et puis après plusieurs recommandations, dont celle de Raphaël Pierquin, co-fondateur des coding goûters, je suis tombé sur Scratch, un projet du MIT.

Et en quelques minutes, mon fils Paul (9 ans) était accroché et avait compris le principe général. Il y a passé plus de 30 minutes hier soir et ça n’a pas été facile de l’en détacher ; et il y est revenu aujourd’hui.

Capture-scratch

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Seul petit défaut : il faut Flash dans son navigateur. La traduction française est un peu rude par endroits, mais ce n’est pas gênant.

À part ça, tout est très bien pensé.

En quelques instant l’enfant découvre ce qu’est une instruction, un programme, une boucle, un paramètre, un événement. Il comprend la rapidité de l’ordinateur qui fait que plusieurs ordres successifs donnent l’impression de s’exécuter simultanément. Il voit aussi la bêtise de l’ordinateur, qui exécute servilement ce qu’on lui demande plutôt que ce qu’on voudrait qu’il fasse.

Le premier tutoriel est très bien fait et permet de faire un tour rapide des fonctions. Ensuite, on peut aller voir les projets des autres, les copier et les modifier à sa guise.

C’est très ludique tout en présentant de façon solide les concepts de base de la programmation.

La copie d’écran ci-dessus montre ce que Paul a réalisé en environ 30 minutes, en partant de rien, en suivant le tutoriel et en ayant tout de suite envie d’inventer son propre programme avec ses idées à lui.

J’ai eu besoin de le guider un peu au début, en lui laissant la souris que sinon il m’aurait rapidement arrachée des mains pour se débrouiller tout seul, et il a continué de manière autonome, s’interrompant parfois pour me demander un peu d’aide sur des points un peu subtils de l’interface ou des commandes disponibles.

Un beau souvenir.

Mise à jour : Franck Farcy (@CallMeLx) me signale learn.code.org, plus simple et moins ouvert à la créativité, mais sympa aussi, sous forme d’exercices à compléter, qui ne nécessite pas Flash puisqu’il est réalisé en HTML5. Les exercices commencent avec les personnages de Angry Birds et les vidéos d’explication incluent notamment Mark Zuckerberg et Bill Gates 🙂

Capture-code-org

(cliquer pour agrandir)

 

Retour sur ma lettre ouverte sur la loi de programmation militaire

Suite à ma Lettre ouverte aux députés PS, que s’est-il passé ?

J’ai eu trois réponses circonstanciées de députés : un député UMP, un député EELV, un député non inscrit. Je les en remercie.

Tous trois avaient voté contre la LPM, et me l’ont rappelé.

Côté PS, rien du tout, le néant absolu. La discipline de parti a joué à plein, de même que dans les média.

Concernant la LPM, le recours au Conseil Constitutionnel, comme on pouvait s’y attendre, a échoué. Non par manque de députés volontaires pour voter (il y en avait plus de 60) mais par considérations partisanes, certains refusant d’être associés à d’autres sur la liste de signataires du recours. Le sujet de l’article 20 de la LPM est donc jugé moins important par nos élus que les considérations partisanes et d’appareil. Dont acte, même si on pouvait également s’y attendre.

Laure de la Raudière continue courageusement et souhaite proposer une loi pour réécrire l’article 20. On peut lui souhaiter bonne chance.

Il est confirmé que la loi a effectivement été écrite très largement par les experts des services de renseignement français, qui en ont à de multiples reprises discuté avec Jean-Jacques Urvoas, comme le révèle le Canard Enchaîné et comme l’intéressé lui-même le reconnaît. De même, Jean-Pierre Sueur a défendu sur nos ondes radio le travail remarquable de nos services de renseignement. Tout ce petit monde sait donc parfaitement bien ce qu’il fait (pourquoi changer puisque c’est le fonctionnement habituel du législateur depuis des décennies), et les flous dangereux dans la rédaction de l’article 20 et de ses copains ne peuvent en aucun cas passer pour un accident. Les décrets d’application seraient déjà pratiquement prêts.

Les dérives sont inévitables, parce que l’administration aura naturellement tendance à utiliser la loi au maximum des possibilités qu’elle lui offre, comme le fait la NSA. On attend avec intérêt les cris d’orfraie de nos journaux (jusque-là muets) sur telle ou telle future affaire de fadette touchant l’un de leurs journalistes d’investigation. Aux USA, le journalisme d’investigation est déjà freiné par la peur des écoutes NSA.

J’ai fait un don à la Quadrature du Net pour sa vigilance dans la surveillance de l’appareil législatif français et européen.

Concernant les réformes possibles de nos institutions, personne n’en parle. Quand on voit la difficulté de réformes à la marge comme le non-cumul des mandats, et la timidité (pour ne pas dire l’inanité) du rapport Jospin sur la rénovation de la vie politique, qui ne cite Internet que comme plaquette d’information du politique à destination du citoyen, le citoyen comme moi a des raisons de penser que le système ne changera significativement que s’il s’écroule d’abord sur lui-même.

Et puisque mon vote n’a strictement aucune influence sur le cours des choses, qu’au contraire même on s’en sert contre moi pour me démontrer la légitimité des lois votées par les parlementaires, mais qu’en revanche le taux d’abstention est scrupuleusement suivi à chaque scrutin, il n’est pas exclu que je rejoigne les rangs des abstentionnistes. Parce que j’ai horreur d’être pris pour un idiot.

Combien d’électricité (donc de CO2) consomme le minage de Bitcoins ?

(mis à jour après calculs remis au carré)

On commence à lire des articles expliquant que le Bitcoin émet tant de CO2 qu’il va détruire la planète (je plaisante à peine).

Cf celui-ci par exemple où Michael Carney utilise le cours en $ du Bitcoin pour estimer son empreinte CO2… ce qui ne semble pas tenir debout une seconde.

Car les consommations et efficacités électriques du matériel de hachage sont documentées sur le wiki Bitcoin.

Ce graphique sur blockchain.info nous indique qu’actuellement, le réseau Bitcoin dans son ensemble calcule environ 9 millions de milliards (giga ou G) de hachages par seconde.

Soyons pessimistes et supposons que tout le monde (en moyenne) utilise un matériel rapide mais peu efficace électriquement, les cartes graphiques, à environ 1 Mhash/Joule. Son efficacité est similaire à celle des CPU mais bien moindre que les FPGA ou ASICs.

Bien sûr, en réalité, tout le monde dans le réseau Bitcoin n’utilise pas le même matériel.

À raison de 9 millions de Ghash/s, et 1 Mhash/Joule, nous consommons au pire 9/1 = 9 milliards de Joules par seconde pour l’ensemble du réseau. Or 1 Joule = 1 Watt.seconde.

Autrement dit le réseau consomme au maximum 9 GW (ce qui représente environ 7 tranches de centrales nucléaires françaises), soit pour une journée 9*24 = 216 GWh. Si je vous fais le KWh à 0,10€, la facture électrique est donc au maximum de 21,6 M€ (millions d’euros) chaque jour. Pas donné.

D’autre part, nous savons qu’actuellement le réseau “gagne” 25 bitcoins par bloc, avec un intervalle de 10 minutes, soit 6*25 par heure, soit 24*6*25 = 3600 bitcoins par jour.

21,6 M€ à dépenser en électricité pour gagner 3600 bitcoins, ce n’est pas du tout intéressant, même au cours actuel. On comprend pourquoi personne n’utilise plus de CPU ni cartes graphiques pour les calculs.

Si nous prenons des circuits plus efficaces, par exemple des ASICs type Avalon, à 117 MHash/J, nos coûts électriques sont divisés par 117 : plus que 77 MW de puissance instantanée pour tout le réseau (à peine une vingtaine de locomotives électrique), soit environ 1900 MWh consommés chaque jour, et une facture électrique d’environ 185 K€ pour 3600 bitcoins, soit 51€ par Bitcoin. C’est beaucoup plus séduisant.

Et enfin, si nous prenons le nec plus ultra actuel en efficacité, le Black Arrow Prospero X-3 qui nous offre 1792 MHash/J, nous ne consommons plus que 5 MW à peine : une grosse locomotive électrique. Pour la journée, et toujours la même quantité de 3600 bitcoins, la facture s’élève à 120 MWh soit la modique somme de 12 K€ seulement.

De son côté, blockchain.info sur sa page de statistiques indique actuellement (mise à jour : indiquait, car la valeur correspondante a été supprimée après cet article) 140 GWh, qu’on suppose être une consommation journalière. En raison d’une confusion entre les watts par gigahash (ce qui ne veut rien dire) et les watts par gigahash/heure, le calcul peut être considéré comme exact si on suppose une efficacité de 1,54 Mhash/J.

Le calcul (faux) de blockchain.info est : 9 000 000 Ghash/s * 650 W (??) * 24 (heures)  = 140 GWh chaque jour

Le calcul correct donnant le même résultat serait : 9 000 000 Ghash/s /1,54 Mhash/J * 24 h = 140 GWh chaque jour.

On voit donc que le calcul de blockchain.info correspond proportionnellement à l’utilisation de matériel d’une efficacité électrique de 1,54 Mhash/J, similaire d’après la liste citée ci-dessus à celle d’un CPU, c’est à dire très faible et irréaliste à ce stade de développement du réseau Bitcoin.

On voit également l’importance d’optimiser l’efficacité électrique du matériel de minage.

Je n’ai pas pris en compte la nécessité d’un ordinateur autour du matériel : j’ai supposé qu’il était “partagé” pour faire autre chose en même temps ; le prendre en compte fait bien sûr augmenter la consommation réelle. Je n’ai pas pris non plus en compte les climatisations et ventilations éventuellement nécessaires, qui peuvent représenter un surcoût électrique allant jusqu’à 100%.

Je remercie Kevin Decherf qui m’a aiguillé sur les statistiques de consommation électrique de blockchain, et nous nous sommes arraché les cheveux ensemble pour comprendre à quoi correspondaient les résultats affichés 🙂

Lettre ouverte aux députés PS

Madame, Monsieur le député,

Vous avez voté pour la loi de programmation militaire (LPM), dont l’article 20 (ex 13) et ses articles connexes provoquent une polémique en raisons de dispositions intrinsèquement attentatoires à la vie privée qu’ils contiennent :

  • élargissement des motifs, largement au-delà du terrorisme ;
  • élargissement des administrations en mesure de procéder à ces récupérations de données ;
  • gestion par une autorité indépendante mais hors de contrôle de la justice.

Je vous l’ai copié pour mémoire à la fin de cette lettre, et j’ai mis certains passages, les plus inquiétants, en gras.

Car après avoir longuement réfléchi, j’ai décidé de ne pas vous écrire un nième argumentaire juridique.

D’abord parce que je ne suis pas juriste ; ensuite parce que d’autres l’ont fait beaucoup mieux que je n’en serais capable. Je pense par exemple à la quadrature du net, la fédération internationale des ligues des droits de l’homme, reporters sans frontières, le syndicat de la magistrature, l’ASIC, le Conseil National du Numérique, et bien d’autres encore.

Ensuite, et surtout, parce qu’à mon sens le problème n’est pas simplement d’ordre juridique, mais démocratique.

Ainsi, quand on m’explique que ce qui a été écrit ne correspond pas à ce qu’il faut comprendre et qui sera mis en œuvre, venant de juristes, je pense qu’on me prend pour un idiot.

Également, quand on me dit que cette loi ne fait que reprendre des lois datant de plus de 20 ans. Il y a plus de 20 ans, je n’avais pas Internet chez moi, pas de téléphone mobile, pas de tablette, tout juste une adresse de courrier électronique ; les conditions n’étaient pas du tout comparables.

Par ailleurs, le fait qu’une loi peu soucieuse de respect de la vie privée ait été votée non en 2013 mais 20 ans avant justifie-t-il qu’on conserve ses dispositions lors d’une révision ?

Enfin, quand on nous explique que ces immixtions dans nos vies privées seront autorisées dans des conditions mystérieuses sur des critères non explicités par une autorité indépendante chapeautée par un adjoint du premier ministre, je me demande si nous donnons le même sens à indépendante.

En somme, une loi objectivement attentatoire à la vie privée, dont les arguments brandis pour la défendre ne tentent que de relativiser la portée, sans la nier.

Je vous en veux d’avoir voté cette loi, d’être ou bien en accord avec la loi, ou bien esclave d’une discipline de groupe. Vous faites partie de la majorité, et le groupe de la majorité vote en bloc, plus ou moins aveuglément, toutes les lois proposées.

J’en veux à votre parti, le PS. Il reproduit depuis des décennies cette discipline de groupe. Ainsi, Christian Paul qui s’intéresse de longue date à ces questions, s’est exprimé plus ou moins implicitement contre l’article 20 mais a voté pour cette loi.

J’en veux autant au groupe UMP, esclave de la même discipline et qui, parti principal d’opposition, et après avoir collaboré à la rédaction de la loi, a voté en bloc contre la loi, parce qu’il est dans l’opposition.

Je réalise parfaitement que la même loi aurait été votée, probablement mot pour mot, par l’UMP si elle était au pouvoir, et que le PS aurait alors voté contre. Les précédents abondent.

Pourquoi ?

L’article 20 qui nous intéresse semble relever, entre autres, et cela a été dit presque explicitement, d’une volonté de simplifier le travail de l’administration, et de légaliser des pratiques courantes mais jusque là interdites (et pour cause). Je comprends que l’administration, la police, aient envie qu’on leur simplifie le travail. Mais sans doute pourrait-on en prendre acte autrement qu’en court-circuitant les procédures démocratiques.

Surtout, quand il s’agit comme dans le cas présent de nos libertés fondamentales, vous, hommes et femmes politiques, qui détenez les clés législatives, devriez jouer votre rôle de gardiens de la démocratie.

Vous devriez a fortiori être vigilants suite au scandale des écoutes de la NSA (National Security Agency) des États-Unis, déclenché par les révélations d’Edward Snowden, largement médiatisées, et qui ont provoqué une légitime indignation, y compris de la part du personnel politique français au pouvoir. Car la NSA a profité de nombreux flous juridiques en interprétant la loi dans un sens extensif pour étendre au maximum son périmètre. Or, les dispositions de l’article 20 et articles connexes sont elles-mêmes extrêmement floues ; et ce sont ces articles mêmes dont on nous assure qu’il ne faut pas les interpréter littéralement.

Le personnel politique, pour l’essentiel, ne semble pas se considérer suffisamment compétent pour avoir un avis éclairé, ni, plus grave, souhaiter acquérir les compétences qui lui manquent. Il délègue aveuglément la décision et la rédaction à quelques experts choisis, parfois dans ses propres rangs, le plus souvent dans l’administration ou la « société civile ».

Que faire ?

Dans le cas de la LPM, j’espère, sans trop y croire, que le conseil constitutionnel, qui ne peut s’auto-saisir – cela seul en dit long sur la « séparation des pouvoirs » telle qu’on la conçoit en France –, sera saisi et donnera un avis défavorable.

Une des réponses entendues a été de nous promettre une « loi sur les libertés numériques » pour 2014. Je ne pense pas vous faire injure en vous avouant que je ne crois pas une seconde que la présente disposition de la LPM y sera remise sérieusement en question.

Dans le futur, puisque mon choix n’a presque aucune importance et que c’est au final l’administration, ou certains lobbies, qui dictent l’essentiel des lois, je ne vois guère d’intérêt à donner mon suffrage pour désigner l’un de ceux qu’on appelle les « partis de gouvernement ».

Pour le reste, j’espère, sans y croire non plus, une réforme sérieuse de nos institutions, et en particulier du processus législatif afin de le rendre à nouveau digne de ce qu’un citoyen d’une démocratie moderne est en droit d’attendre.

De nombreuses personnes que j’estime et respecte tentent néanmoins d’agir pour faire avancer les choses.

Ainsi, Laure de la Raudière, Bruno Spiquel avec bien d’autres ont mis en œuvre une initiative appelée OVEI, On vous explique Internet, visant à mettre en contact le monde parlementaire et les informaticiens.

Ainsi, Laurent Chemla et Éric Walter ont proposé, indépendamment, une commission « Internet » permanente à l’assemblée nationale. Ce serait sans doute un bon début, même si ce ne serait qu’un début.

Car vous devez réaliser que le système actuel date d’une époque où la plupart des français n’avaient ni le téléphone ni la télévision, communiquaient par la poste, et s’informaient par la presse écrite et la radio, si j’ai la courtoisie de ne remonter qu’à 1958.

Depuis, si le système politique a très bien appris à exploiter les nouveaux media « descendants » (comme la télévision) pour populariser tel candidat, telle idée ou telle action, on ne peut pas en dire autant des possibilités de communication « remontante » que nous offre Internet depuis 20 ans.

Ainsi, si Internet permet aux citoyens de s’intéresser beaucoup plus facilement aux détails et aux aléas manifestes de l’activité politique, et de s’exprimer publiquement, la rénovation réciproque n’a pas eu lieu. Pour citer un exemple pourtant relativement classique dans son idée, le référendum d’initiative partagée a été soigneusement verrouillé et est inapplicable : il demande plus du triple de députés et sénateurs qu’un recours au conseil constitutionnel ! L’épisode des déclarations « publiques » de patrimoine s’est soldé par une farce pure et simple.

Le déséquilibre entre l’évolution de la société et celle de nos institutions et de nos représentants est de plus en plus criant, douloureux et dangereux.

Que le parlement se comporte ainsi en simple chambre d’enregistrement de l’administration sur des consensus qui n’existent qu’en haut lieu ne fait honneur ni à l’administration, ni à votre fonction, ni à notre démocratie. J’ai un peu la sensation qu’on confisque mon vote, qu’on néglige la démocratie et qu’on ignore mon avis.

Ce présent avis, j’estime que ne devrais même pas avoir à vous le donner, car je n’ai pas l’impression de proférer autre chose que des évidences.

Je vous prie d’agréer, Madame, Monsieur le député, l’expression de ma parfaite considération.

Pierre Beyssac

 

 

Art. L. 246‑1. – Pour les finalités énumérées à l’article L. 241‑2, peut être autorisé le recueil, auprès des opérateurs de communications électroniques et des personnes mentionnées à l’article L. 34‑1 du code des postes et des communications électroniques ainsi que des personnes mentionnées aux 1 et 2 du I de l’article 6 de la loi n° 2004‑575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l’économie numérique, des informations ou documents traités ou conservés par leurs réseaux ou services de communications électroniques, y compris les données techniques relatives à l’identification des numéros d’abonnement ou de connexion à des services de communications électroniques, au recensement de l’ensemble des numéros d’abonnement ou de connexion d’une personne désignée, à la localisation des équipements terminaux utilisés ainsi qu’aux communications d’un abonné portant sur la liste des numéros appelés et appelants, la durée et la date des communications.

Art. L. 246‑2. – I. – Les informations ou documents mentionnés à l’article L. 246‑1 sont sollicités par les agents individuellement désignés et dûment habilités des services relevant des ministres chargés de la sécurité intérieure, de la défense, de l’économie et du budget, chargés des missions prévues à l’article L. 241‑2.

II. – Les demandes des agents sont motivées et soumises à la décision d’une personnalité qualifiée placée auprès du Premier ministre. Cette personnalité est désignée pour une durée de trois ans renouvelable par la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité, sur proposition du Premier ministre qui lui présente une liste d’au moins trois noms. Des adjoints pouvant la suppléer sont désignés dans les mêmes conditions. La personnalité qualifiée établit un rapport d’activité annuel adressé à la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité. Ces décisions, accompagnées de leur motif, font l’objet d’un enregistrement et sont communiquées à la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité.

Pour rappel, art. 241-2 du code de la sécurité intérieure :

Art. L241-2 Peuvent être autorisées, à titre exceptionnel, dans les conditions prévues par l’article L. 242-1, les interceptions de correspondances émises par la voie des communications électroniques ayant pour objet de rechercher des renseignements intéressant la sécurité nationale, la sauvegarde des éléments essentiels du potentiel scientifique et économique de la France, ou la prévention du terrorisme, de la criminalité et de la délinquance organisées et de la reconstitution ou du maintien de groupements dissous en application de l’article L. 212-1.

Bitcoin, ce n’est pas qu’une question d’argent

À force de lire des articles ici ou la sur Bitcoin et la spéculation, on finit par croire qu’il n’y a que ça à en dire, et qu’il n’y a que lui.

D’abord, la spéculation : oui, il y en a. Si le Bitcoin n’était pas monté à $1000 au mois de novembre, on n’en parlerait sûrement pas autant aujourd’hui.

Mais il ne faut pas surtout pas oublier, en vrac :

  • que le Bitcoin est la première monnaie non centralisée ;
  • qu’il s’inspire des technologies pair-à-pair ;
  • que son procédé représente de réelles avancées théoriques en matière d’informatique répartie ; le Bitcoin n’est pas juste un logiciel écrit en vitesse sur un… coin de table à la fin d’un repas bien arrosé.
  • qu’il existe donc, maintenant, de nombreuses autres crypto-monnaies bâties sur ce modèle plus ou moins modifié ;
  • et surtout, que les avancées citées plus haut ont bien d’autres applications que la création de monnaie !

Car le fonctionnement du Bitcoin se fonde sur un journal de transactions réparti et sécurisé, horodaté et inaltérable.

Si la première application en est la monnaie, il y en aura bien d’autres. C’est une certitude.

Par exemple les registres de toutes sortes, actuellement centralisés : déjà le namecoin s’intéresse aux noms de domaine, dans un mélange assez curieux.

Mais on peut imaginer de transposer ainsi une bonne part de tous les registres administratifs. Registre des naissances, de propriété, notariat, preuves d’antériorité, authentification de documents…

Bref, le Bitcoin est beaucoup plus qu’une simple évolution de la monnaie.

On n’a pas fini de voir des industries entières forcées de réviser leur activité, un nouveau point commun entre le Bitcoin et Internet.

Les levées de boucliers commencent donc à peine.

Comprendre le minage Bitcoin

Ayant poursuivi mes réflexions après mon article précédent, je me suis intéressé au fonctionnement du minage de bitcoins.

Pour commencer, une petite démonstration de mathématiques

Supposons que vous ne soyez pas très bon en maths et que vous ne connaissiez que la multiplication, pas la division.

Par quels chiffres doit-on compléter les xxx dans 4025249123xxx pour que le résultat de sa multiplication par 7 se termine par 30 ?

Le plus simple est d’essayer les combinaisons une par une :

  • 4025249123000 x 7 = 28176743861000
  • 4025249123001 x 7 = 28176743861007
  • 4025249123002 x 7 = 28176743861014
  • 4025249123003 x 7 = 28176743861021
  • 4025249123004 x 7 = 28176743861028
  • 4025249123005 x 7 = 28176743861035

En continuant ainsi on finit par tomber sur une bonne combinaison :

  • 4025249123090 x 7 = 28176743861630

Mais ce n’est pas la seule, on aurait pu également trouver :

  • 4025249123190 x 7 = 28176743862330

Une fois la solution trouvée, n’importe qui sachant calculer une multiplication peut la vérifier très rapidement.

Revenons à nos bitcoins…

Ce qui précède, c’est le principe général du “travail” Bitcoin, qui permet simultanément de rendre compliquées la création de monnaie et la validation des transactions, afin que n’importe qui ne fasse pas n’importe quoi, tout en rendant très facile leur vérification.

À la place de la multiplication par 7, on utilise une fonction de cryptographie appelée un hachage, ici SHA256, qui à partir d’un paquet de données binaires produit 256 bits de résultat (d’où son nom), d’une manière qu’on ne sait pas inverser. Ce genre de fonction est abondamment utilisé pour des signatures électroniques : le seul moyen pour trouver un paquet en entrée fournissant la sortie voulue, c’est de faire un grand nombre d’essais au hasard en appliquant la fonction (on dit force brute).

Ainsi le hachage SHA256 du paragraphe qui précède est 2756436ec1d5614b9e22840bf4f5bbbc580c897973d1e4607dc0a723f8d75073. En enlevant juste la première lettre, on obtient 6b8dc910fa3b2c8e3d40244869d5e1a5fe7753a1862eed5a306d2fceb6fe60fb.

À la place du nombre à compléter, on utilise une liste de transactions Bitcoin déjà signées par les clés des émetteurs, avec un emplacement à remplir appelé la nonce. (en fait le principe est similaire mais un petit peu plus compliqué, voir ce billet chez Turblog pour des détails techniques plus précis).

Au lieu de chercher un nombre se terminant par 30, on cherche un nombre inférieur à une certaine valeur, donc commençant par un certain nombre de zéros.

Et tous les ordinateurs du réseau Bitcoin cherchent simultanément des solutions à ce paquet, ce qui revient en gros à effectuer des tirages au sort vérifiables a posteriori.

En fait, plus précisément, chaque ordinateur cherche sa solution : car dans le paquet, il indique la transaction vers son compte, qui bénéficiera des Bitcoins qui rémunéreront son travail pour le paquet. Donc chacun trouve des valeurs SHA256 totalement différentes.

Le premier à trouver une solution a gagné. Il empoche le nombre de Bitcoins attribués au paquet (25 actuellement, 50 au début, et ce nombre va se réduire au fil du temps), et les commissions sur toutes les transactions du paquet.

La difficulté du problème (le nombre de chiffres prédéterminés dans la sortie) est ajustée afin qu’en moyenne, un nouveau paquet soit calculé toutes les 10 minutes.

Quel intérêt concret à être mineur ?

Évidemment, les ordinateurs rapides sont avantagés, et après l’exploitation des capacités de calcul rapide des cartes graphiques 3D, il existe maintenant des circuits électroniques spécialisés pour calculer beaucoup plus vite des hachages de paquets Bitcoin. Après les FPGA (circuits reprogrammables par le client), plus rapides moins gourmands en électricité (merci à Y. Rougy pour la précision) que les cartes graphiques, le Bitcoin est entré dans l’ère des ASIC (circuits intégrés classiques, fabriqués en usine pour cette application particulière, beaucoup plus rapides).

Ainsi, à la difficulté actuelle, il faudrait en moyenne 6882 années à mon ordinateur de bureau (14 millions de hachages par seconde) pour trouver un bloc et gagner 25 bitcoins. C’est ce que me dit ce calculateur de minage. Côté Litecoin, les algorithmes et difficultés sont différents, il ne me faudrait qu’environ 11 ans d’après https://www.litecoinpool.org/calc.

Pour comparaison, avec les circuits spécialisés les plus rapides du moment cités sur cette page de comparaison des performances matérielles, il faut environ 4 jours par bloc Bitcoin.

Plus il existe d’ordinateurs dans le réseau, et plus ils sont rapides, plus la difficulté est augmentée afin qu’il ne soit pas trop facile de créer de la monnaie et que le rythme moyen reste constant. Je ne sais pas si la réciproque est vraie (mais je pense que oui, le protocole semblant bien pensé) : on peut imaginer que la force de calcul se réduise soudainement, soit par disparition d’une équipe de mineurs, soit par panne, etc.

Il existe en tout cas une véritable course aux capacités de calcul : l’ajout de capacité avantage celui qui la détient, mais pousse la difficulté générale à la hausse, toutes choses égales par ailleurs en termes de services effectifs rendus.

La rentabilité du minage de bitcoins dépend du cours de celui-ci, de la difficulté des calculs et des coûts d’investissement et de fonctionnement (électricité et climatisation, notamment). Si l’activité est très rentable, elle attirera beaucoup de mineurs, ce qui en réduira mécaniquement la rentabilité de deux manières, augmentation de la difficulté et répartition des gains sur un plus grand nombre de mineurs.

Groupes de minage ou minage solo

Il existe un écueil au minage : les temps élevés pour découverte d’un bloc. On gagne beaucoup, mais très rarement, et rien du tout la plupart du temps. C’est pour cela que des groupes se constituent, visant à multiplier les chances de récupérer des blocs, et lissant les gains en les répartissant au sein du groupe.

Cette page sur le wiki Bitcoin présente plus en détail l’activité des groupes de mineurs, et ce comparatif décrit les groupes, notamment les différentes façons de répartir les gains.

La gestion de groupes introduit un autre problème intéressant : le taux de découverte de bloc étant très faible, comment s’assurer que les mineurs qui ne trouvent pas cherchent effectivement et ne sont pas des parasites qui ne viennent qu’empocher leur part des gains ? Des méthodes ont été inventées pour donner des preuves de travail.

Solo = Loto ?

Pour rire, j’ai voulu comparer les espérance de gain du minage en solo à celles, assez similaires, d’un gain de 5 numéros au Loto pour quelqu’un qui jouerait une fois par semaine.

Sauf erreur de ma part, donc :

  • gain (calculé sur un cours de 600€ par bitcoin soit 25 bitcoins = 15 000€) environ 6 fois plus faible
  • chances de gain 3 fois plus élevée (temps moyen par bloc : 6882 ans au lieu de 20 000 ans environ)
  • dépense équivalente : en supposant une consommation de l’ordinateur d’environ 100 W donc 16,8 KWh chaque semaine, soit 2,23€, contre 2€ la grille de Loto.
  • et je n’ai pas inclus le coût d’acquisition et d’amortissement de l’ordinateur.
  • il faut ajouter, aux gains du Bitcoin, les commissions de transaction, qui représentent relativement peu actuellement (environ 0,2 à 0,4 bitcoin par bloc en général ; tout cela est visible sur blockchain.info)

Je précise que cette évaluation à la louche ne tient pas compte d’autres facteurs potentiels, notamment les refus peut-être plus probables d’un bloc si votre ordinateur est vraiment très lent, ou des délais de transmission, qui réduisent peut-être notablement les chances effectives de gains. En effet je n’ai jamais trouvé un bloc Bitcoin de ma vie, ce qui n’est pas étonnant quand on sait que je n’ai pas beaucoup tenté ma chance.

Si on intègre les rapports complets du Loto (tous les gains, pour toutes les combinaisons de chiffres), c’est moins glorieux pour le Bitcoin. En effet, au Loto on peut espérer récolter environ 1€ par semaine, soit 358 000 euros en 6882 années, ce qui représente 24 fois les gains en Bitcoin au cours actuel.

Mais, quand on se rappelle que tout cela chatouille gentiment les pieds des États, des banques centrales et des banques de détail, ce que ne fait pas du tout le Loto, on conviendra que cette satisfaction immatérielle a elle aussi une certaine valeur.

Commentaires et corrections bienvenus, bien entendu.

Petit cours de Bitcoin pour les nuls

Bitcoin, créé en 2009 et dont on a beaucoup parlé en 2013, est la première monnaie électronique non centralisée. On dit aussi parfois crypto-monnaie ou monnaie virtuelle, mais ce dernier terme est un peu fourre-tout.

Comme je me suis arraché les cheveux ces derniers temps pour en comprendre le minimum syndical, j’ai pensé en faire un article résumant ce que j’ai appris afin qu’il bénéficie à tous.

Pour les bases techniques et historiques, je vous invite à lire l’article de Wikipédia. ainsi que la série de billets de Turblog. Mais comme ceux-ci sont assez techniques, une explication plus concrète est utile.

Bitcoin est la première réponse sérieuse à un problème complexe : comment créer l’équivalent numérique d’une monnaie physique, sans que celle-ci soit liée à une autorité centrale ? Cette dernière rend le problème trivial : les monnaies virtuelles sont légions, notamment dans les jeux en ligne.

C’est à dire que l’on cherchait une monnaie :

  1. échangeable facilement et sans frais de personne à personne
  2. difficile à falsifier
  3. utilisable et échangeable de façon plus ou moins anonyme, comme l’argent liquide
  4. non duplicable, c’est à dire utilisable une seule fois
  5. utilisable sans passer par une autorité centrale
  6. d’une valeur reconnue

Et de préférence échangeable à distance, à travers Internet par exemple

Bitcoin est la première solution mise en œuvre à grande échelle avec un succès relatif, c’est ce qui fait son intérêt.

Il est très facile et maintenant banal de réaliser le point 2,  des documents numériques infalsifiables, à l’aide de la cryptographie, mais beaucoup plus difficile d’assurer le point 4 et le point 5.

Bitcoin propose une solution à tout cela en sacrifiant la confidentialité des transactions. Celles-ci sont visibles publiquement, ce qui permet leur vérification par un réseau décentralisé, comme dans beaucoup de protocoles pair-à-pair. L’idée est qu’avec un nombre suffisamment grand de partenaires d’origines et d’intérêts variés, une collusion entre eux pour falsifier les transactions est impossible.

Le cœur du système Bitcoin

Il existe donc deux principaux types d’acteurs dans Bitcoin :

  • vous et moi, avec nos portes-monnaie ;
  • le système de vérification et authentification des Bitcoins, aussi appelé les mineurs, qui fabriquent la monnaie, gardent trace des transactions validées, et reçoivent éventuellement une commission sur les transactions.

À cela s’ajoute tout un ensemble d’intermédiaires : places de marché diverses, accès au journal des transactions sur blockchain.info, agrégation de cours, etc.

La création de monnaie

La quantité de Bitcoins est fixée arbitrairement par l’algorithme initial. Pour éviter que n’importe qui puisse créer de la monnaie, sa création est volontairement difficile et repose sur le concept de preuve de travail. Ce travail est effectué par les ordinateurs en réseau des mineurs.

Le nombre total d’unités Bitcoin est mathématiquement limité à 21 millions. À ce jour, environ la moitié ont déjà été mis en circulation, à un taux qui se ralentira régulièrement au fil du temps.

Le Bitcoin ne peut donc, à la différence des monnaies classiques, être régulé par une banque centrale qui créerait ou détruirait de la monnaie à volonté pour amortir les variations de cours et l’inflation. C’est à la fois ce qui fait sa force et sa vulnérabilité.

File:Total bitcoins over time.png

Comment fonctionne le porte-monnaie ?

Un porte-monnaie Bitcoin est une paire de clés cryptographiques publique/privée. Le porte-monnaie ne contient rien d’autre, il permet juste d’insérer de nouvelles transactions signées dans le système Bitcoin.

La clé publique est le “numéro de compte” ou l'”adresse” Bitcoin. N’importe qui disposant d’un porte-monnaie crédité peut envoyer des Bitcoins à cette adresse.

La clé privée permet de signer des transactions pour dépenser de l’argent en faveur d’un autre porte-monnaie. On peut en outre y ajouter une commission, non obligatoire, pour que la transaction soit plus rapidement validée par les mineurs.

En effet, il est possible de signer absolument n’importe quelle transaction, aussi farfelue soit-elle.  C’est là que le réseau Bitcoin entre en jeu : on s’assure dans l’historique que la somme dépensée a bien été reçue au préalable sur le compte émetteur via des transactions créditrices. Les mineurs dépensent du temps de calcul informatique à créer, toutes les 10 minutes, un bloc signé contenant les dernières transactions. Ils sont rémunérés pour cela par les commissions facultatives à l’initiative de l’émetteur de la transaction.

On voit donc que Bitcoin ne fonctionne pas sur des conservations de totaux créditeurs, mais sur des deltas : une transaction de dépense n’est valide que s’il est possible de lui faire correspondre des transactions antérieures de recettes pour un montant suffisant, non déjà dépensées.

La sécurité du porte-monnaie repose exclusivement sur la confidentialité de la clé privée. Ainsi, si certains services web proposent de la gérer eux-mêmes (certains ont déjà été piratés afin d’y vider les comptes associés), la méthode incontestablement la plus sûre est de la conserver chez soi, de préférence sur un ordinateur non connecté à Internet, voire sur un bout de papier ou une clé USB que l’on déconnecte après usage.

Il existe différents types de porte-monnaie sur ordinateur : ceux qui récupèrent une copie complète de la chaîne de transaction, qui ont besoin pour cela d’un espace disque et un volume réseau considérables, et les thin-clients, beaucoup plus simples à mettre en œuvre mais moins sûrs car dépendant d’un réseau de serveurs intermédiaires. Je n’entrerai pas ici dans les détails.

Sur la création de couples de clés pour porte-monnaie, je recommande le fascinant bitaddress.org qui montre une quantité de possibilités.

La volatilité

L”inconvénient le plus visible du Bitcoin est la variabilité de son cours de change avec les monnaies classiques, soumis à beaucoup d’aléas, paniques et manipulations, comme un cours de bourse, puisque ne dépendant que de transactions privées de gré à gré. Cette volatilité est renforcée par le nombre limité de Bitcoins en circulation et par le faible volume relatif des transactions.

Ci-dessous, voici un graphe de cours montrant en particulier la dernière bulle Bitcoin, avec l’envolée de 100€ à près de 900€ en novembre 2013, suivie d’une chute récente, qui n’est pas la première ni certainement la dernière.

Cette chute est due à la rumeur lancée ce week-end par une blague probablement pas désintéressée : le site directory.io laissait entendre qu’il avait cassé le système des clés privées. Apparemment, beaucoup de possesseurs de Bitcoins ont paniqué et ont revendu.

 

bitcoincharts

(cliquer pour agrandir)

source: Bitcoincharts.com http://bitcoincharts.com/charts/mtgoxEUR#rg360ztgSzm1g10zm2g25zv

Cours du jour BTC/EUR :

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Comment obtenir des Bitcoins ?

Il existe deux façons d’avoir des Bitcoins :

  1. en obtenir de quelqu’un qui en possède déjà ;
  2. être mineur, c’est à dire entrer dans le système de validation des blocs de transaction. Cela demande des moyens informatiques non négligeables. En échange de quoi, les mineurs sont rémunérés par la création de monnaie et par des commissions sur les transactions.

Le point 2 n’étant pas accessible au commun des mortels, à qui acheter des bitcoins ?

On peut déjà en échanger facilement avec des amis, le système a été conçu exactement pour cela.

On pourrait espérer également, pour les gens qui n’ont pas d’amis ou pas d’amis branchés, qu’il existe des bureaux de change “classiques” où l’on pourrait obtenir des Bitcoins en échange d’une monnaie classique, à un cours plus ou moins officiel, et sans formalité.

En fait, en raison sans doute de la variabilité des cours, il semble que personne n’ait pris le risque de lancer un tel bureau de change.

Les plateformes disponibles se contentent donc d’être des places de marché, des intermédiaires de confiance entre un vendeur et un acheteur, avec un fonctionnement similaire à celui des bourses : on place une transaction d’achat ou de vente, à un prix maximal ou minimal, et on attend qu’une contrepartie se présente. La place de marché tient trace des transactions en attente, et publie les cours le plus élevé et le plus bas, et le dernier cours du jour.

On peut citer par exemple :

  • le français bitcoin-central.net
  • le japonais mtgox.com, sans doute le plus connu  (je le croyais états-unien, merci à Stéphane Bortzmeyer et Martin Korolczuk pour la rectification)
  • le tchéquo-londonien (?) btc-e.com. Curieusement BTC-E est qualifié ici et là de Bulgare, alors que le détenteur du site indique un compte dans une banque à Prague (République Tchèque) pour une adresse postale à Londres (Royaume-Uni).

Et last but not least, le premier distributeur automatique de Bitcoins a vu le jour à Vancouver le mois dernier. Il s’agit sans doute du moyen le plus simple d’obtenir des Bitcoins à ce jour. Le distributeur propose même de créer un porte-monnaie à la volée, pour ceux qui n’en disposent pas encore.

Comment dépenser les Bitcoins ?

Une fois obtenu des Bitcoins, on peut se contenter de les conserver et de jouer avec. Mais on peut également les dépenser dans quelques magasins en ligne, mentionnés par exemple dans cet article de CNBC.

On peut encore les céder sur une bourse d’échange.

Une autre applications intéressante du Bitcoin est le transfert international sans frais avec change : en se servant uniquement du Bitcoin comme monnaie intermédiaire entre deux monnaies classiques, on peut réaliser des virements quasi instantanés d’un bout à l’autre de la planète. Le Bitcoin n’étant utilisé que pendant un court moment, la variabilité de son cours n’est pas un gros problème.

Et enfin, on peut s’en servir pour rémunérer des petits services, comme des blogs par exemple. Vous pouvez ainsi m’en donner quelques uns (cf adresse ci-dessous) si l’article vous a intéressé 🙂

Bitcoin, anonyme ? Pas vraiment

On lit ici ou là que le Bitcoin serait anonyme, mais attention : pas au sens où on l’entend habituellement.

En effet, si la relation théorique entre un porte-monnaie Bitcoin et son propriétaire n’est connue que de lui seul, puisque prouvée uniquement par la détention d’un secret mathématique,  il se dévoile plus ou moins lors des transactions qu’il effectue qui, comme on l’a vu, sont publiques par construction depuis l’origine du système. Le site blockchain.info permet ainsi de consulter toutes les transactions. Il est cependant éventuellement possible de compresser a posteriori la chaîne, en en faisant disparaître les transactions devenues superflues.

Le Bitcoin a donc un niveau de confidentialité très différent du système bancaire classique, où à l’exception de quelques paradis fiscaux l’identité des détenteurs et le détail des transactions ne sont disponibles qu’à la banque et aux autorités.

Ainsi, il est facile de consulter les transactions des porte-monnaie associés aux articles de blog suivants pour recevoir des dons :

http://www.rfc1149.net/blog/2013/05/02/why-bitcoin-transfers-are-not-instantaneous/ => https://blockchain.info/address/17Kr97KJNWrsAmgr3wJBVnLAuWqCCvAdMq

http://h16free.com/2013/11/28/27544-regardons-au-dela-de-la-bulle-bitcoin => https://blockchain.info/address/1EXgo7U3UA17u7njFK437ApCtsJvA7LdRB

Le porte-monnaie pour les dons suite à la blague de directory.io : https://blockchain.info/address/1Bv8dN7pemC5N3urfMDdAFReibefrBqCaK

Et celui qui correspond à cet article : https://blockchain.info/address/1Nb4aJWgAUAqMUCzeF2vTTDUNVNTM5ak42

Une expérience intéressante…

Bitcoin, malgré des défauts évidents qui en rendent l’utilisation délicate dans la vie de tous les jours (je n’y convertirai certainement pas toutes mes économies), a le mérite d’avoir démontré la faisabilité d’une monnaie électronique et collaborative, sans banque centrale, qui n’allait pas de soi. Cela fait déjà grincer les dents des plus dogmatiques, ce qui n’est pas pour me déplaire. Ça ne peut pas marcher parce qu’il n’y a pas d’État. Euh, mais pourquoi ? Parce que. Ah, d’accord.

Déjà, de nouvelles crypto-monnaies suivent son exemple avec quelques adaptations mineures, comme le Litecoin (LTC).

Évidemment, personne ne peut garantir avec certitude qu’il n’existe pas une vulnérabilité essentielle qui puisse faire vaciller ou s’écrouler tout l’édifice (ce qui s’est vu aussi avec des monnaies classiques). On peut seulement constater que le système a tenu presque 5 ans sans encombre.

Il est probable que nous entendrons régulièrement prononcer sa mort prochaine ou son inutilité, comme cela a été le cas à maintes reprises pour l’Internet, autre invention d’individus peu recommandables.

À ce jour je ne détiens toujours pas un seul (ni même une seule fraction de) Bitcoin, les places de marché suscitées n’étant pas accessibles sans des procédures de validation qui prennent plusieurs jours. Alors si vous souhaitez avoir la bonté de me virer quelques fractions de Bitcoin afin que je puisse jouer moi aussi, voici ci-dessous les références de mon porte-monnaie. Merci !

1Nb4aJWgAUAqMUCzeF2vTTDUNVNTM5ak42

bitcoin:1Nb4aJWgAUAqMUCzeF2vTTDUNVNTM5ak42

Références

Merci à Samuel Tardieu, Hashtable, Stéphane Bortzmeyer, Turblog, et bien sûr l’indispensable Wikipédia, pour leurs articles, avis et conseils éclairés.

Un historique sur les origines de Bitcoin : The rise and fall of Bitcoin

Une analyse intéressante : Regardons au delà de la bulle Bitcoin

Un point de vue sur le rôle supposément indispensable de l’État : A Prediction: Bitcoin Is Doomed to Fail

 

Leçon de très mauvais marketing par la Fnac, “agitateur”

Petit exemple caractéristique des errements du marketing Fnac qui se débat dans des contradictions non ou mal résolues.

Hier, mon fils tombe lors d’une visite dans un magasin Fnac sur la nouvelle version de son jeu préféré, Skylanders swap force pour PS3, sorti le 18 octobre.

Évidemment il souhaite l’acheter tout de suite avec ses économies, mais supposant qu’il est possible de trouver facilement des promotions sur ce type de produit, je lui explique qu’on va attendre un peu pour regarder d’abord les prix sur Internet.

Résumé :

Nantis de ces informations, nous décidons hier soir de l’acheter ce matin à la Fnac en raison de l’option retrait 1 heure en magasin qui figure de façon proéminente sur fnac.com. Pour bénéficier du prix réduit il ne suffit pas d’acheter directement car le magasin Fnac ne s’aligne bien sûr pas sur le prix fnac.com, il faut d’abord commander sur le site.

Et là, que dit fnac.com ? (cliquer pour agrandir la copie d’écran)

fnac

Les produits culturels ne peuvent pas être retirés en 1h en magasin.
Pour vous faire livrer dans votre magasin, ajoutez votre produit à votre panier, puis à l’étape « livraison », cliquez sur l’Onglet « Retrait Magasin » et sélectionnez le magasin souhaité. Le délai de livraison est de 2 à 6 jours selon les magasins, dès l’expédition de votre commande.

Je comprends que la Fnac ait du mal à faire le grand écart entre ses magasins classiques et la concurrence en ligne.

Mais le jeu est en rayon en magasin donc le délai de 2 à 6 jours est totalement artificiel — et la mention “retrait 1h” en bannière, à la limite de la publicité mensongère.

Comme je n’aime pas qu’on se moque de moi, et tant qu’à payer le prix fort, nous avons donc acheté le jeu dans le magasin Micromania du même centre commercial avec un accueil bien plus sympathique.

Mes enfants ont bien retenu la leçon pour leurs futurs achats.

 

En attendant (toujours) le FTTH… joies du THD en zone très dense

(suite de FTTH à Paris : enfin le vertical ?)

Une petite mise à jour pour dire… qu’il n’y a rien de nouveau.

Il semblerait que l’entreprise prestataire de la pose verticale ait pris du temps pour notifier SFR de l’accomplissement des travaux.

En tout cas le câblage horizontal, évoqué (j’allais dire promis, mais formellement ce n’est pas le cas) par SFR pour la rentrée, n’est toujours pas là.

Bref, ce nouveau délai, cette fois, n’est pas dû au syndic d’immeuble ni à la copropriété (seuls coupables évoqués par la presse généraliste lorsqu’elle va interroger les opérateurs sur les raisons du retard de la fibre en France).

Pendant ce temps, on nous inonde d’informations sur le développement de la 4G mobile, les déboires d’Alcatel-Lucent qui a du mal à vendre ses ses équipements, et apparemment personne ne s’intéresse au marché sous-exploité de la fibre.

Ceci, quelques jours après un colloque ARCEP où on entendait les opérateurs et équipementiers se plaindre de leur difficile métier.

Prenons date : dans 5 à 10 ans on nous expliquera politiquement qu’on a loupé le coche et que, si on avait su en 2013, etc. Or, on sait déjà…

Blocages inutiles de sites Internet : lutte contre la prostitution

Il est difficile d’écrire sur un sujet pareil, sauf à risquer de passer pour un sans-cœur souhaitant perpétuer l’exploitation de la misère humaine.

Il existe depuis des décennies une tendance politico-médiatique bien identifiée, celle des lois d’affichage, fondées consciemment ou non sur une constatation simple : il est plus facile et pas forcément moins efficace électoralement de dire et faire croire que l’on agit plutôt que d’agir efficacement.

La prostitution est illégale en France.

La prostitution n’est ni interdite ni autorisée en France, d’après Wikipedia. Un flou artistique typiquement français.

On pourrait penser le sujet clos d’un point de vue législatif.

Or une nouvelle proposition de loi souhaite renforcer les moyens de lutte contre celle-ci.

Je ne vais pas débattre de la pertinence ou non de cette interdiction, c’est un long débat et pas du tout ma spécialité.

Mais, comme de nombreuses personnes l’avaient craint lors du vote des lois sur le jeu en ligne, la tentation du blocage de sites s’étend peu à peu de manière pavlovienne à de nouveaux domaines d’activité, sans considération de son efficacité déjà intrinsèquement douteuse.

Ainsi, la nouvelle proposition de loi suggère d’instaurer un blocage soumis simplement au bon vouloir d’une administration — donc une nouvelle fois en toute opacité, sans le contrôle a priori d’un juge :

http://www.assemblee-nationale.fr/14/propositions/pion1437.asp :

« Lorsque les nécessités de la lutte contre le proxénétisme et la traite des êtres humains aux fins d’exploitation sexuelle relevant des articles 225-4-1, 225-5 et 225-6 du code pénal le justifient, l’autorité administrative notifie aux personnes mentionnées au 1 du présent I les adresses électroniques des services de communication au public en ligne contrevenant aux dispositions de cet article, auxquelles ces personnes doivent empêcher l’accès sans délai. Les décisions de l’autorité administrative peuvent être contestées devant le juge administratif dans les conditions de droit commun. »

Cela pourrait déjà être critiquable en soi.

Mais il est extrêmement facile de vérifier sans quitter sa chaise que les sites d'”escortes” comportent en général une mention de ce style pour échapper à la qualification de prostitution, donc a fortiori de proxénétisme ou de traite des êtres humains :

Les services proposés sont ceux d’une accompagnatrice de luxe. Toute autre relation qui pourrait intervenir relèverait de la vie privée entre deux adultes consentants et serait détachée de la prestation.

Autrement dit, les sites supposés visés par la future loi y échappent déjà à l’heure actuelle. Ils ne seront pas bloqués. Un joli coup d’épée dans l’eau. À moins, bien pire, que cela donne à l’administration le pouvoir de bloquer arbitrairement ce qui pourrait selon elle dissimuler un service de prostitution non ouvertement annoncé comme tel.

Par ailleurs, la différence avec les jeux en ligne est évidente : ici le site ne sert que de vitrine, alors que dans le cas des jeux en ligne, il constitue l’activité proprement dite.

Comme dans le cas de la lutte contre la pédophilie, le blocage ou la fermeture du site ne changeront donc strictement rien à l’activité sous-jacente. Un autre coup d’épée dans l’eau.

On peut donc, une nouvelle fois, parler de tartufferie au sens presque littéral.

Si j’avais mauvais esprit — un écueil dans lequel je ne voudrais pas tomber –, j’y verrais une volonté d’étendre à nouveau la mainmise du politique sur Internet, afin d’essayer de le civiliser, autant que peuvent l’être les média audiovisuels déjà sous la coupe le bienveillant patronage du CSA et de présidents de chaînes publiques nommés en toute indépendance.

Mise à jour 21/10/2013 : un article complet sur cette loi chez Camille.

 

voie libre ou appel système